retour à la maison [Rochiel et Kaiji]

Rochiel s'était attendu sauf à ça! Il vit Kaiji se relever doucement et venir se blottir contre lui, murmurant fébrilement:

"Ne me laissez pas..."

Il osa même poser ses mains sur son torse, alors que Rochiel avait craint un instant que le jeune homme ne supporterait plus son contact!
Il ne pouvait pas refuser, et puis au fond de lui, il n'attendait que cela: prendre le jeune homme dans ses bras et le serrer fort pour lui faire oublier et le réconforter.
Rochiel n'avait jamais été trés fort dans les contacts humains, bien au contraire. Il n'avait jamais reçu d'affection et ne savait pas du tout en donner, pourtant, en la compagnie de Kaiji, il lui prenait l'envie pour une fois d'être différent de son habituelle froideur pour le jeune esclave...
Ne résistant pas à la supplique de Kaiji, il passa ses bras autour de lui et l'entoura tendrement, le prenant contre lui. Il alla même jusqu'à poser sa joue sur le dessus de son crâne, appréciant le contact doux de des cheveux du jeune homme contre sa peau.

" Promis... Ne t'inquiéte pas Kaiji, plus personne ne te fera de mal, je te le jure!! "

Jamais Rochiel n'avait fait une promesse aussi importante à ses yeux!
Comprenant que le jeune homme avait besoin de sa présence, il s'allongea à son tour sur le lit, gardant toujours Kaiji dans ses bras, et il prit la couverture qu'il ramena sur eux deux.

" Repose-toi, je ne te quitte plus désormais. "

Il resserra sa prise sur le jeune homme, passant une main rassurante dans ses cheveux, cherchant à lui montrer qu'il était bien avec lui.
Sa froideur de l'aprés-midi était bien dissipée! La souffrance du jeune homme avait fait tomber les barrières de Rochiel...
Sentant Kaiji trembler contre lui, il le serra contre son torse et murmura:

" Laisse-toi aller, ne retiens pas tes larmes Kaiji... Je suis là pour toi maintenant... "

Dieu, pouvait-on souffrir autant de la souffrance d'un autre? En tout cas, Rochiel n'avait jamais eu aussi mal au coeur qu'en voyant l'état dans lequel était Kaiji...

" Laisse-toi aller, ne retiens pas tes larmes Kaiji... Je suis là pour toi maintenant... "

Rochiel le tenait fermement et tendrement dans ses bras. Kaiji ne résista pas plus longtemps. Il avait besoin, au moins pour un petit temps, de redevenir le petit garçon qu'il était et qu'il avait enfoui au plus profond de lui. Ce petit garçon qui avait cessé de pleurer le jour de la mort de son père. Là, sous les couvertures, qui formaient comme un cocon rassurant, et dans les bras de son maître qui répandait une douce chaleur, il ne chercha pas plus loin. L'esclave fondit en larmes, ses doigts s'aggripant légèrement à la chemise de Rochiel.

"Qu'est-ce... Qu'est-ce que j'ai fait de mal...?"

Sa voix était rauque, cassée. Ses joues étaient barbouillées de larmes et ses longues mèches foncées, collant à son visage. Il sentait qu'il aurait du mal à s'arrêter de pleurer. Ses sanglots étranglés secouaient ses minces épaules où était toujours posée la veste de Rochiel. Une veste qui exhalait une délicate fragance, une senteur particulière qui n'appartenait qu'à son maître.

"Pourquoi... Pourquoi tout le monde me..."

Kaiji ne termina pas sa phrase. Trop bouleversé par les récents évènements, sa gorge se noua. Il se sentait affreux et misérable, souillé, abusé et brisé. La vie ne lu avait vraiment pas fait de cadeau, hormis celui de croiser la route du blond.

Les doigts de Kaiji s'accrochèrent à sa chemise tandis qu'il fondait en larme, n'arrivant sans doute plus à se retenir. Rochiel essaya de le soutenir du mieux qu'il pouvait, resserrant ses bras autour de lui, devinant que le jeune homme avait besoin d'être entouré.
Les sanglots déchirants de Kaiji lui brisaient le coeur, mais il fallait qu'il pleure, cela lui ferait du bien et évacuerait la tension accumulée.

"Qu'est-ce... Qu'est-ce que j'ai fait de mal...?"

Plus que tout, ce fut cela qui toucha et ému Rochiel. Mon dieu, comme Kaiji pouvait souffrir! Il aurait tant voulu qu'il ne subisse pas ça, que cela ne lui rappelle pas de mauvais souvenirs comme cela semblait être le cas. Car Rochiel n'était pas dupe : cette question renvoyait à un lourd passé, sans aucun doute.
Il serra plus fort ses bras, enfouissant Kaiji contre son torse, s'accrochant à lui autant que le jeune homme s'accrochait à lui. Il désirait plus que tout réconforter Kaiji et il lui murmura clairement:

" Rien Kaiji... Tu n'as rien fait de mal... Ne te le reproche pas... "

Les sanglots continuèrent, et avec eux une nouvelle question réflétant la détresse de l'esclave:

"Pourquoi... Pourquoi tout le monde me..."

Il ne finit pas mais Rochiel avait compris l'essentiel. Ce qu'il dit par la suite, il le pensait tellement fort qu'on aurait pu comparer cela à une promesse solennelle.
" Plus personne... Plus personne ne te touchera Kaiji, je te le promet. Tant que je serais en vie, je veillerais à ton bonheur. "

Ne rien dire de plus, de toute façon l'essentiel avait été dit. Et puis la détresse de Kaiji bouleversait tellement Rochiel qu'il aurait été incapable de prononcer un mot de plus!
Il se contenta de laisser le jeune homme pleurer contre lui, déposant un trés léger baiser sur son front. Ce n'était peut-être pas le geste idéal, mais c'était le seul qu'il ait trouvé à cet instant...

" Plus personne... Plus personne ne te touchera Kaiji, je te le promet. Tant que je serais en vie, je veillerais à ton bonheur. "

Kaiji sentit que son maître posait un baiser sur son front. Un baiser doux et surtout tendre et léger. Pour ne pas le brusquer, pour le rassurer. L'étreinte de Rochiel était apaisante, douce et chaleureuse. Le visage bouiné contre le torse de celui-ci, il finit par se calmer au fur et à mesure que sa douleur et sa tristesse s'envolaient avec ses larmes.

"Merci..."

A présent, le brun prenait conscience des paroles de Rochiel. Elles si solennelles, et pourtant si douces et prometteuses. Il repoussa d'un geste fébrile les mèches brunes qui lui barraient la vue. Il lui avait dit merci mais pour lui cela ne suffisait pas, cela ne paraissait pas équivalent. Il ne voyait pas d'autre moyen que de faire don de son corps à son maître pour mieux lui faire comprendre sa gratitude. D'un geste lent et hésitant, il tendit ses doigts pâles et fins vers la bouche de Rochiel, sans pour autant la toucher.

Tout doucement, les sanglots de Kaiji s'espacèrent, et au fur et à mesure qu'ils diminuaient, le coeur de Rochiel se remettait doucement de ses émotions. Jamais encore il n'avait ressenti cela pour quelqu'un, et il mettait cela sur le compte de l'agression que Kaiji avait subi, même s'il commençait à se demander si c'était vraiment à cause de cela qu'il réagissait ainsi...

"Merci..."

Rochiel ne répondit pas, mais il n'en pensait pas moins. Il était heureux que Kaiji se calme et il espérait qu'il oublierait trés vite cet incident. Il savait pour sa part qu'il le garderait encore longtemps en mémoire, mais il fallait parfois faire confiance au temps...
Kaiji se détacha en partie doucement de lui, pour remettre ses mèches de cheveux collées à son visage par les larmes en place. Rochiel n'enleva pas ses bras pour autant : il voulait encore aider le jeune homme, et puis, sans se l'avouer, il se sentait bien ici, à serrer Kaiji contre lui.
Il vit soudain avec stupeur la main de Kaiji s'élever au niveau de ses lèvres, approchant doucement dans les toucher pourtant.
Rochiel écarquilla les yeux, étonné. Qu'est-ce qui prenait à Kaiji? Qu'avait-il en tête?
Il regarda les doigts pâles errer tout prés de sa bouche sans pourtant esquisser le moindre geste vers eux.
Il ne pouvait pas toucher le jeune homme, pas aprés ce qu'il venait de subir... Mais ces doigts en suspens devant lui, tremblants doucement sans oser le toucher, le troublaient étrangement.
Finalement, il avança sa main et prit celle de Kaiji doucement, serrant ses doigts pâles entre les siens, avant de la porter à ses lèvres pour déposer un léger baiser dessus.
Il regarda l'esclave droit dans les yeux, le regard sérieux et grave:

" Tu devrais te reposer Kaiji... "

Kaiji fut surpris par la réaction de son maître. Un simple baiser sur ses doigts fuselés et c'est tout. Mais le regard qu'il lui adressa le soulagea plus que jamais.

" Tu devrais te reposer Kaiji... "

Kaiji eut du mal à ne pas pleurer encore une fois. Il esquissa un faible sourire puis posa convenablement sa tête sur l'oreiller, son front touchant l'épaule de Rochiel, comme pour s'assurer qu'il ne partirait pas. Le brun resta un moment sans faire autre chose que d'enrouler une mèche de ses cheveux autour de son propre index, les yeux dans le vague. Après un moment à jouer avec ses cheveux, il s'endormit lentement, ses paupières papillonnant de temps à autre pour finir par se fermer totalement. Sa respiration devint plus calme et son coeur cogna moins fort de façon plus ordonnée contre ses côtes.

*Il est si gentil...*

Le sommeil de l'esclave était pour le moment sans rêves et plutôt paisible car il se sentait en confiance et en sécurité dans les bras de Rochiel. Juste rester dans ses bras, sans arrière pensée. Juste avec l'envie et le besoin d'être rassuré.

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Kaiji, ce qui rassura Rochiel. Il se posa sur l'oreiller, gardant un contact avec Rochiel pour s'assurer de sa présence et commença doucement à se calmer. Rochiel pouvait sentir son coeur se calmer contre lui et sa respiration redevnir normale aprés les terribles sanglots qu'il avait eu.
Kaija jouait avec une de ses mèches de cheveux et Rochiel se contenta de le regarder faire, attendri. Il avait l'air d'un enfant, mais d'un enfant qui avait énormément souffert et qui manquait d'affection. Son coeur était tout disposé maintenant à lui offrir cette affection qui lui faisait défaut...
Rochiel n'en avait pas l'habitude, mais pour Kaiji, il était prêt à apprendre.

Il sentit bientôt la respiration de Kaiji devenir régulière et il comprit qu'il s'était endormi. Il sourit avant de jeter un coup d'oeil à la fenêtre : la nuit était doucement tombée... Sa famille devait dîner en bas et on allait remarquer son absence. Il aurait tant voulu passer cette dernière soirée avant son voyage avec son père, même si ce dernier l'aurait probablement ignoré comme d'habitude. Il soupira : il avait du mal à se décider de se lever et d'abandonner Kaiji, qui avait tant besoin de lui. Bizarrement, il avait la sourde impression que s'il partait, une catastrophe allait se produire. Il regarda le visage endormi paisiblement de son esclave et sourit.
Non, finalement, il allait rester ici, c'était mieux pour eux deux: Rochiel n'aurait pas à subir une déception de plus, et Kaiji pourrait dormir sereinement.
Il ne voulait pas l'abandonner, pas encore une fois...
Il ferma doucement les yeux et se laissa doucement glisser dans le sommeil...
Demain, ils partiraient vers Sket... Demain allaient commencer les difficultés...
Mais ce soir était réservé à la douceur.

Kaiji dormait paisiblement, sentant une présence toute proche de lui. Pourtant quelque chose clochait. Il allait se mettre à fouiller dans sa mémoire quand les souvenirs refirent violemment surface. Pourtant, la présence l'apaisa aussitôt et il n'eut pas besoin de chercher qui l'enlaçait si tendrement.

Il osa ouvrir un oeil. Une lumière diffuse et blaffarde éclairait le côté de la pièce qui se trouvait dans son dos. Apparemment, Rochiel avait passé la nuit avec lui. Il posa ses yeux foncés sur le visage endormi de son maître. Il paraissait encore plus jeune qu'il ne l'était. Il se mordit la lèvre, mourant d'envie de caresser son visage. Mais il n'eut le temps de rien faire car la porte s'ouvrit avec fracas, laissant passer les demi-frères de son maître.

"Alors, on flemmarde quand c'est le jour J ?!"

"On prend du bon temps oui !"

Les deux voyous les jetèrent hors du lit, arrachant violemment les couvertures. Kaiji poussa un cri, retombant douloureusement sur son postérieur. Il se tourna vers Rochiel, espérant qu'il n'était pas blessé.

Rochiel dormait paisiblement quand un grand fracas le tira de son sommeil serein. Il ouvrit difficilement les yeux, sentant une présence chaude contre lui. Des voix tonitruantes se firent entendre dans sa chambre et il se demanda ce qui se passait...

"Alors, on flemmarde quand c'est le jour J ?!"
"On prend du bon temps oui !"

Oh non... Ses demi-frères... La septième plaie d'Egypte!
Il allait se réveiller en grognant quand il sentit soudain les couvertures s'envoler, faisant disapraître la douce chaleur qui l'entourait. Il sentit un de ses demi-frère s'emparer de son bras pour le tirer hors du lit et il résista, habitué.
Par contre, quand il entendit Kaiji pousser un cri de douleur, Rochiel ouvrit en grand les yeux, inquiet. Il aperçut rapidement son esclave à terre, son demi-frère se moquant de lui et le tirant par le bras pour le relever.
En un instant, Rochiel vit rouge : il repoussa violemment son demi-frère prêt à lui et d'un bon, il atterit aux côtés de Kaiji. Il rejeta son demi-frère d'un coup violent sur son bras, le faisant lâcher prise et il se plaça devant Kaiji pour le protéger.

" Vous touchez encore à un de ses cheveux, vous êtes morts... " siffla-t-il dangereusement entre ses dents, trés menaçant.Ses demi-frères prirent peur et allaient sortir quand une voix grave retentit:

" ROCHIEL!! "

Ecarquillant les yeux de stupeur, le jeune homme se tourna vers l'entrée d'où son père avait assisté à toute la scène. Il déglutit difficilement pendant que ses demi-frères ricanaient sournoisement.

" Qu'est-ce qui te prends de menacer tes propres frères! " rugit son père.
Il s'approcha du petit groupe qu'ils formaient et jeta un regard méprisant sur Kaiji à terre.

" Alors c'est pour ça que tu oses te montrer aussi grossier...? "

Réagissant au quart de tour, Rochiel voulut protéger Kaiji:

" Père, ce n'est pas ce que vous croyez, je... "

Il ne pu pas finir sa phrase : son père lui assena une gifle retentissante qui l'envoya au sol. Sa tête tapa violemment contre le parquet et Rochiel resta pendant un instant sonné. Ses demi-frère ricanèrent de plus belle tandis que son père grondait sourdement:

" Tu ferais mieux d'apprendre à te tenir... "

Puis il sortit de la chambre, accompagné par les demi-frères de Rochiel, un air dédaigneux sur le visage.
Figé dans sa stupeur, Rochiel n'osa pas bouger... Sa joue l'élançait et il avait envie de pleurer, mais il se retint, ne voulant pas céder à ce sentiment de faiblesse... Il se sentait tellement méprisable...

" Vous touchez encore à un de ses cheveux, vous êtes morts... "

Kaiji qui tentait de se débarasser de l'un des demi-frères de son maître n'eut pas besoin de le faire car celui-ci venait de l'envoyer promener superbement.

" ROCHIEL!! "

La voix qui venait de tonitruer dans la chambre le fit sursauter. Un homme était apparu dans l'encadrement de la porte et à présent, il sermonnait sévèrement son maître. Le brun allait se lever mais le regard que lui lança l'homme le figea sur place.

" Alors c'est pour ça que tu oses te montrer aussi grossier...? "

L'esclave se sentit profondément blessé et humilié. Des larmes lui piquèrent les yeux mais cette fois, il s'agissait de larmes de rage. Il se contint pourtant et attendit la suite des événements qui le choquèrent grandement.

" Père, ce n'est pas ce que vous croyez, je... " commença Rochiel.

Hélas, Rcohiel ne termina jamais sa phrase, violemment giflé par son propre père. Le jeune homme tomba au sol, heurtant le parquet avec une force qui fit paniquer Kaiji. Cependant, il n'osa bouger que le reste de la famille sortie. A ce moment-là, il s'approcha doucement du blond. Il tendit une main hésitante vers le visage de son maître et l'effleura du bout des doigts.

"Maître..."

Ce fut le seul mot qu'il prononça car il n'hésita plus et il passa un bras autour du cou de Rochiel. Se trouvant dans le dos de ce dernier, il posa sa tête contre son épaule, cherchant à le rassurer du mieux qu'il pouvait, en remerciement de ce qu'il avait fait pour lui la veille.

Le coeur de Rochiel battait la chamade : voilà longtemps que son père ne l'avait pas giflé de cette façon, ni aussi violemment... Pourquoi aujourd'hui, pourquoi devant ses demi-frères et devant Kaiji?
Il se sentait profondément humilié et pitoyable...
Il était resté au sol, totalement anéanti : le seul homme pour qui il entreprenait ce voyage, le seul pour qui il désirait briller, celui-là même le rejetait sans ménagement, pour une faute que Rochiel n'avait pas commise et qu'il ne comprenait pas...
Il allait finalement laisser les larmes prendre le dessus sur sa fierté, quand il sentit une petite main effleurer délicatement son visage. Il sursauta et lança un regard étrange sur Kaiji.

"Maître..."

Rochiel écarquilla les yeux, complètement perdu. Il avait toujours du mal à digérer ce qui venait de se passer et même la présence de Kaiji n'arrivait pas à le ramener à l'instant présent. Il revoyait en boucle le bras de son père se lever sur lui...

Puis, comme par enchantement, il sentit qu'on passait ses bras autour de lui et qu'une tête cherchant du réconfort se posait sur son épaule. Il n'en fallut pas plus pour qu'il réagisse : Kaiji avait besoin de lui, plus que jamais, et il ne pouvait pas le laisser!!!
Se reprenant en main, il se tourna et posa une main qui se voulait rassurante sur la tête de son esclave, avant de lui lancer un triste sourire.

" Tout va bien Kaiji... Merci d'être là. "

Il tenta de se relever mais porta une main à sa tête douloureuse : son père n'y était pas allé de main morte malheureusement...
Il allait devoir commencer son voyage avec un mal de crâne, c'était malin!
Parce que maintenant, tout ce qu'il désirait, c'était partir le plus vite loin de cette maison! Ne pas rester une minute de plus là!!

" Kaiji, prends tes affaires... Nous allons partir. "

Il se releva tant bien que mal et se dirigea vers l'armoire où l'attendait déjà son sac et l'arc qu'il avait ramené la veille.

" Nous partons même tout de suite! "

Kaiji fut rassuré lorsque le jeune homme se tourna vers lui et le remercia de sa présence. Il se contenta de lui sourire doucement.

" Kaiji, prends tes affaires... Nous allons partir. "

Rochiel s'était levé et se dirigeait vers son armoire, là où se trouvait un sac et l'arc qu'il avait acheté avant de se rendre au bar.

" Nous partons même tout de suite! "

Malgré sa surprise, le brun ne rechigna pas et se dépêcha de prendre les quelques vêtements que lui avait offert son maître. Il récupéra également sa magnifique épée qui avait réchapé aux demi-frères. Il se hâta de se vêtir, laissant ses vêtements en lambeaux dans un coin de la chambre. Puis il se souvint que son maître avait durement heurté le sol.

"Maître, vous devriez vous soigner..."

La joue de Rochiel était légèrement gonflée et du sang coulait légèrement de son arcade. Il s'approcha de celui-ci et leva ses doigts fuselés pour y essuyer le sang.

Comprenant qu'il était pressé, Kaiji obéit à son maître et s'empressa de s'habiller correctement, pour la plus grande satisfaction de Rochiel. Ce dernier était déjà vêtu et ne comptait pas changer d'habits, aussi se contenta-t-il de prendre son sac et d'en vérifier son contenu.
Ce fut la voix de Kaiji qui le sortit de son récapitulatif:

"Maître, vous devriez vous soigner..."

Il s'approcha de Rochiel : ce dernier avait haussé les épaules, se moquant pas mal de ressentir de la douleur. Aprés tout, c'était la punition de son père, il l'avait peut-être mérité...
Mais il laissa Kaiji toucher délicatement le sang qui coulait de son arcade, l'essuyant doucement.

" Ce n'est rien, je m'en occuperai pendant la route... Tout ce que je veux maintenant, c'est partir d'ici. "

Son départ ressemblait un peu à une fuite, mais il s'en moquait. Il ne voulait plus rester dans cette maison!!
Il prit doucement les doigts de Kaiji et déposa un léger baiser dessus, avant de rendre sa liberté à la main de Kaiji.

" Mais merci de t'inquiéter pour moi..." dit-il en souriant, touché de l'attention de son esclave.

Il prit son sac, jeta un coup d'oeil sur Kaiji pour s'assurer qu'il avait tout pris et se dirigea vers la porte.

" Allez viens, j'ai hâte d'être en route!! "

Kaiji sentit son coeur battre un peu plus fort lorsque Rochiel déposa un baiser sur ses doigts, comme la veille au soir.

*Arrête de penser n'importe quoi, crétin...*

" Mais merci de t'inquiéter pour moi..."

Le sourire de son maître le rassura. Il lui jeta un regard avant d'aller vers la porte de sa chambre.

" Allez viens, j'ai hâte d'être en route!! "

Le brun sentait le blond si enthousiaste qu'il avait l'impression que ce voyage, aussi périlleux fut-il, lui ferait un bien fou à lui aussi. Il suivit donc discrètement son maître dans le couloir puis dans l'escalier. Une sorte d'exitation s'était emparée de Kaiji, comme lorsque vous vous levez la nuit pour aller grignoter en cachette. Il avançait à pas de loup derrière Rochiel et ils atteignirent sans encombre le vestibule. Il ne restait plus qu'un seul obstacle à franchir: la porte d'entrée...

Kaiji semblait aussi motivé que lui et cela réjouit le coeur de Rochiel: un voyage était toujours plus facile à deux, et avec Kaiji, il se sentait bien. Il le protégerait quoi qu'il arrive, il lui avait promis!
Son sac sur l'épaule et son arc accroché à son bras, Rochiel descendit rapidement les étages, quittant cette maison où il avait passé pratiquement toute sa vie... Cela lui donnait une impression étrange, mais en même temps, il se sentait soulagé et impatient de faire ses preuves. Il voulait à tout prix montrer à son père qu'il n'était pas un moins que rien, qu'il valait à bien des égards ses demi-frères qui étaient sans cesse mis sur un piédestal par sa belle-mère... Il voulait enfin que son père pose un regard fier sur lui, et non ce regard méprisant qu'il avait adopté depuis bien des années et que Rochiel ne supportait plus.
Il passa sa main sur sa joue enflée : le souvenir de la gifle de son père était cuisant, mais Rochiel espérait bien que ce serait la dernière qu'il recevrait jamais de sa part... Aprés ce voyage, il serait un homme.

Mais sa joie du départ fut vite entaché de sombre quand il aperçut en bas des escaliers, l'attendant impatiemment, sa belle-mère et ses deux demi-frères. Des sourires ironiques étaient posés sur leurs visages, méprisants et dédaigneux et Rochiel soupira, lassé.

" Enfin, tu pars de cette maison... Je ne croyais jamais que ce jour arriverait. " répliqua sèchement sa belle-mère, un rictus sournois sur les lèvres.

" Je connais déjà la joie que va vous causer mon absence madame, et je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. "

Depuis toujours il la vouvoyait, se refusant à voir en elle une deuxième mère, qu'elle n'avait jamais été d'ailleurs.
Elle ricana et lui lança un regard méchant. Rochiel allait sortir quand elle lui attrapa soudain le bras et le serra violemment avait de lui sortir tout doucement :

" Ne reviens jamais ici tu m'entends, sale petit morveux... "
" Lâchez-moi, je suis toujours chez moi ici et rien ne m'empêchera de venir voir mon père!! " s'exclama Rochiel, furieux. De quel droit osait-elle le menacer ainsi?
Il dégagea son bras et sortit précipitamment, le rouge aux joues, furieux et la rage començant à envahir son coeur.
Il vérifia que Kaiji le suivait et partit dans la rue, le coeur lourd. Il leva à peine les yeux pour voir l'image de son père à la fenêtre, qui regardait son départ avec une sorte d'indifférence.
Sans ajouter un mot, Rochiel s'éloigna dans la rue, son esclave derrière lui, en direction de l'extérieur de la ville....

La porte d'entré était la porte pour la liberté, la porte du début du voyage ! Pourtant, le chemin leur était barré par les demi-frères de Rochiel ainsi que par une femme qu'il n'avait jamais vue. Sans doute était-ce sa belle-mère. Cette dernière semblait ravie de voir le blond partir. Une dispute assez froide et dure s'ensuivit. Kaiji suivit son maître lorsqu'il s'apprêta à sortir mais la femme le retint par le bras.

" Ne reviens jamais ici tu m'entends, sale petit morveux... "

Ses paroles lui rappelèrent sa propre mère. Une femme indigne qui avait vendu son seul enfant, la chair de sa chair, après en avoir fait une parfaite petite poupée que les hommes s'amusaient à prendre dès que l'envie leur en prenait. Le seul qui ne s'était jamais montré odieux ou pervers avec lui était bien son maître.

" Lâchez-moi, je suis toujours chez moi ici et rien ne m'empêchera de venir voir mon père!! "

Après cela, Rochiel quitta la maison. Le brun le suivit comme il pu, attachant la sangle qui lui permettait de porter son épée. Enfin, il jeta correctement son sac sur son épaule et rattrapa le blond qui, dans sa fureur, marchait d'un pas vif.

"Maître ! Attendez-moi..." souffla-t-il. "Qui était-ce ?"

Rochiel était furieux et il avançait rapidement vers l'extérieur de la ville : comment avait-elle osé?? Cette femme était immonde, elle le dégoûtait!
Il sentait des larmes de rage lui venir mais il les essuya d'un geste de la main et continua d'avancer sans même regarder derrière lui.

"Maître ! Attendez-moi..." souffla Kaiji derrière lui "Qui était-ce ?"

Rochiel ralentit, se rappelant la présence de son esclave : lui qui avait promis de veiller sur lui, il le distanciait dés la première journée... Quel piètre maître il faisait!
Il attendit que Kaiji arrive à son niveau : le pauvre avait été agressé la veille, il devait encore subir le contrecoup. Dés que le jeune homme fut prés de lui, Rochiel lui jeta un regard inquisiteur qui l'observa en détail.

" Ce n'est pas important... Une sale bonne femme, c'est tout. Mais toi, ça va? "

Il fallait qu'il s'occupe l'esprit et oublie sa belle-mère, aussi passa-t-il une main dans les cheveux de Kaiji, trés doucement, dégageant les mèches de cheveux d'un de ses oreilles.

" Tu as l'air d'aller mieux... "

Il lui sourit gentiment, heureux de cette constatation. Cependant, il ralentit encore plus son pas, ne voulant pas fatiguer Kaiji pour rien. Surtout que leur voyage ne serait pas de tout repos...
Il orienta leurs pas vers les plaines à l'extérieur de Suden, guidant habilement Kaiji. Il lui désigna l'horizon en levant un doigt décidé.

" Là-bas il y a Sket... "

* Et là-bas, il n'y aura ni belle-mère, ni demi-frère... * songea-t-il, légèrement amer.

Kaiji n'eut que pour seule réponse à sa question qu'il s'agissait d'une sale bonne femme. Il en chercha pas plus loin, se doutant qu'il y avait là de quoi énerver un peu plus son maître. Il retint un mouvement de recul lorsque ce dernier dégagea une mècge de derrière son oreille. Le sourire qui étira ses lèvres était quelque peu forcé et il espérait que Rochiel n'avait rien remarqué. Les souvenirs de la veille imprégnaient encore fortement son esprit et son corps.

" Tu as l'air d'aller mieux... "

"Je vais mieux..." mentit l'esclave, détournant vivement les yeux.

Le brun suvait le blond comme son ombre, et d'ailleurs celui-ci avait encore ralenti l'allure, comme pour ne pas le fatiguer. Kaiji fut touché de cette attention même s'il n'en fit pas la remarque.

" Là-bas il y a Sket... "

Son maître pointait vers l'horizon de son doigt tendu. Il avait vaguement entendu parlé de Sket mais ignorait pratiquement tout de cette ville. Leurs pas les guideraient là-bas. Tout ce que Kaiji espérait, c'est qu'il n'aurait pas à vivre le même genre d'horreur que la veille.

"On y sera vite ! Et votre père sera fier de vous !" sourit l'esclave, comme pour redonner courage à Rochiel.

"Je vais mieux..."

Sa réponse un peu trop rapide et le mouvement de recul qu'il avait amorcé lorsque Rochiel avait voulu lui remettre sa mèche derrière l'oreille n'avaient pas échappé au jeune homme, et il soupira, un peu énervé. Pas contre Kaiji, mais contre cet abruti de Kyo qui avait osé se montrer le pire des salauds et infliger cela à Kaiji!!
Pour ne pas montrer qu'il avait remarqué son malaise, Rochiel adressa un petit sourire timide à Kaiji... Il ne savait pas comment réagir : ce genre de blessure lui était inconnu et il ignorait la manière de les guérir. Le temps serait peut-être efficace, mais il n'en était pas sûr...

"On y sera vite ! Et votre père sera fier de vous !"

Plus que tout autre mot, ceux-là firent bondir le coeur de Rochiel qui s'arrêta, surpris, entre joie et étonnement. Il lança un regard un peu perdu à Kaiji avant de se rendre compte de son attitude stupide et de se remettre en marche, avec cependant un petit sourire attendri sur les lèvres. Alors Kaiji s'était rendu compte de ce qui le préoccupait? Ou avait-il lancé cela juste comme ça...? En tout cas, cela faisait trés plaisir à Rochiel, et il faillit passer son bras autour des épaules de Kaiji pour le remercier, mais il se retint à temps. Pas question de brusquer le jeune homme : visiblement le contact le dérangeait...
Alors il se contenta de lever sa main et de la baisser, avant de lâcher un petit:

" Merci beaucoup Kaiji... De tout mon coeur... "

Puis il se dirigea d'un pas décidé vers les plaines qui bordaient l'extérieur de Suden...

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