Maison NELL

Dame Teresa Campbell referma viollement la porte de la cuisine. Elle entendit à peine les paroles des cuisiniers surpris de l'avoir vu débouler aussi sauvagement dans leur domaine. Ses cheveux noirs toujours impécablement lisses étaient plutôt mal coiffés, pour dire, ils frisaient même à certains endroits ! Ses yeux noirs jetaient des coups d'oeil de partout, elle avait inquièté beaucoup de personnel en déboulant dans toutes les pièces à la manière d'une folle.

Elle avait déjà recommencé à courir dans le couloir de marbre, faisant claquer ses talons sur le sol. En courant de cette manière, on pouvait voir ses douces jambes dévêtues lorsque la robe fendues qu'elle portait se décalait sur le côté. Une robe gris pâle qui lui allait à ravir, montrant ses atouts sans manquer de pudeur. La jeune femme freina d'un coup sec et ouvrit la porte du petit salon.

Elle s'apprètait à soupirer de soulagement, avant de découvrir que la personne qui se trouvait là n'était qu'une simple employée en train de nettoyer une vitre. Elle jura de frustation et, tout en reprenant son souffle, demanda si elle savait où se trouvait son maître. Comme dépitée par la question, la servante répondit qu'il se trouvait dans son salon personnel. Poussant un petit cri de frustration, Dame Teresa claqua viollement la porte.

Alors qu'elle gravait les escaliers, elle frémit. Comment avait-elle pu ne pas se réveiller un pareil jour ? Comment s'était-elle débrouillée pour avoir trois heure de retard alors qu'elle avait dormit ici ? Elle sentit le rouge lui monter aux joues quand elle repensa à la soirée qu'elle avait passé avec Marc CHAMBOOR. Mais ses idées revinrent vite en place. Aujourd'hui, c'était un jour très spécial. Elle le savait. L'oublier aurait été un crime...

Elle freina sèchement devant la porte du salon personnel de son maître. Elle défroissa sa robe grise pour l'occasion, se lissa les cheveux et reprit son souffle. Une fois ceci fait, Dama Teresa toqua trois coups à la porte de bois massif qui lui faisait face, en priant de toutes ses forces pour qu'il soit bel et bien là...

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Siddin était réveillé depuis trois heures du matin. Même à cette heure-ci, la maison grouillait d'activité. Il n'avait pas pu échapper au petit déjeuner de ses cuisiniers. Alors qu'il n'avait même pas mordu dans sa première tranche de pain beurrée, on était venu lui demander où il désirait passé la journée. L'oeil mort, le teint pâle et la voix brisée, il avait murmuré qu'il voulait qu'on l'installe dans son salon personnel.

Il avait avalé en vitesse un déjeuner frugal et s'était redressé. Après avoir prit une douche tiède dans sa salle de bain, il s'était habillé. Pour l'occasion, se serait une veste noire, un pantalon noir, des chaussures noires, une chemise grise sous la veste et une cravatte noire. Oui, c'était comme ça qu'il désirait passer la journée. Pour elle...

Il avait ouvert avec une révérence honorifique la porte de son salon. Des roses noires avaient été posées sur toutes les tables, ainsi que des photos sur les murs. Il s'était assis sur le fauteuil rouge qui contrastait si bien avec les roses et avait soupiré en prenant le calendrier. Il avait rayé en dessinant un ange la date d'aujourd'hui. Le 15 mars.

Après avoir passé quatres heures à consulter les vieilles photos de sa cousine, Siddin avait posé le livre sur la tablette. Non, il n'était plus triste. Il avait juré qu'il ne le serait plus. Mais ça n'empêchait pas ses larmes de couler aux souvenirs de la jeune fille. Un sourire flottait sur ses lèvres lorsqu'il pensait à leurs blagues stupides... Elle lui manquait... Elia....

Ses pensées avaient alors voguées, de ci, de là. Après avoir mûrement réfléchit, il avait décidé de la faire aujourd'hui. Il partirait achetter son esclave dans la soirée. Une fois qu'il aurait parler avec Dame Campbell. Il faudrait rendre les hômages, comme chaque année, mais rien ne l'empêchait de partir seulement à dix-neuf heures. Il achèterait son esclave et, ensemble, ils feraient le voyage qu'il se devait de faire.

Siddin tendit le bras vers la bouteille contenant un jus de citron pressé le matin même et s'en servit un verre. En regardant l'horloge, il s'étonna qu'à dix heures passées, Dame Teresa ne soit toujours pas là. Au même moment où il pensait à ça, on frappa à la porte. Siddin eut un sourire amusé pour lui même et invita la personne à entrer...

Une jeune femme aux longs cheveux noirs tout comme ses deux yeux magnifiques rentra dans la pièce. Siddin ne put s'empêcher de remarquer les courbes mises en valeurs par la robe coupée grise de l'invitée. Il laissa ses yeux traîner vaguement sur la jambe de Dama Campbell avant de lui faire un sourire et de lui servir un jus de citron qu'elle accepta avec un remerciement.

Avant même de boire, elle posa ses yeux sur les roses noires...puis sur les photos de la défunte. Elle avait eut l'occasion de voir la malheurese à l'hôpital. A l'époque, elle n'avais que dix-sept ans, le même âge que Siddin aujourd'hui. Elle n'avait que vingt ans aujourd'hui, et elle avait été une des rares personnes à assister à l'évènement. Elle s'était chargée de conforter le jeune garçon de quinze ans. Même si ça remontait à deux ans, elle entendait encore les cris de son protégé. Ils lui avaient déchiré le coeur, la poitrine, et tout ce qui allait avec... Comment oublier ses yeux pleins de tristesse, lui qui était toujours si joyeux ? Mais ses cris avaient été d'une atrocité à glacer les sangs de n'importe qui... Elle en faisait encore ds cauchemars. De sa voix pleine de respect, elle murmura :

"Veuillez pardonner mon retard, je crois bien que je me suis oublier... Je n'aurais pas dû...pas aujourd'hui".

Plein de compassion, Siddin posa sa main sur l'épaule de la jeune femme et lui souffla d'une voix bienveillante :

"Tess... On se connait depuis longtemps, tu as même été celle qui s'est occupé de moi, il y a deux ans. Tu sais bien que je ne pourrais jamais t'en vouloir. De plus, c'est mon deuil, pas le tien."

Teresa rougit encore une fois. Ce garçon était extraordinaire. Alors qu'il avait trois ans de moins qu'elle, il arrivait à la faire frémir. Sa manière de prononcer son diminutif, tout en lui la faisait frémir. Il avait une telle...prestance. Elle en aurait été amoureuse si...si quoi au juste ? Non, elle en était amoureuse. Mais elle ne le lui avouerait jamais.

"Sid... Je ne voudrais pas que tu penses que je m'en fiche, c'est tout."

Siddin lui fit son sourire qu'elle trouvait si craquant et elle rougit encore une fois. De sa voix tendre et unique, il lui murmura :

"Je sais tout ça...et je pars ce soir pour le voyage..."

Un gouffre s'effondra autour de Teresa. Il lui avait annoncer ça avec une telle simplicité... Il allait la laisser seule ? Pour combien de temps ? Non ! Pas lui ! Il n'avait pas le droit de l'abandonner ! Pourquoi voulait-il lui déchirer le coeur ? A elle qui s'était toujours occupée de lui ! Il ne pouvait pas ! Alors elle répondit :

"D'accord..."

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