Manoir Alexander.

Le cocher était sur le point de s'endormir. Il avait garé son véhicule non loin de l'endroit ou il avait déposé Ludwig, sinon, tel qu'il le connaissait, le jeune maitre n'aurait pas apprécié. Or le vieil homme tenait à son poste, et il savait, par expérience, qu'il fallait mieux éviter de contrarier la famille Alexander, qu'il servait depuis maintenant plus de 45ans. Ses pensées dérivèrent vers Helena. Oula, celle la. c'était une vraie tête d'ane, elle se tenait à ses principes, y croyant dur comme fer, et elle refusait radicalement de changer d'avis à son sujet. Bah, d'ici peu... Elle verrait.

< Hum... >

Le cocher sursauta et regarda autour de lui. Ce qu'il vit le fit blêmir. C'était son maitre. Il ne l'avait pas entendu revenir. Oh, non. Pas ça. La panique s'empara du cocher qui se donna mentalement une baffe pour reprendre ses esprits, puis sauta prestement a terre, s'avançant de sa démarche balourde, pour s'incliner devant son maitre. Et accessoirement pour dévisager la nouvelle esclave de la maison. Cette dernière, la tête basse suivait monsieur Alexander. Les cheveux fins et blonds, elle paraissait soumise. Le vieux cocher eut un reniflement à le fois de dédain et de pitié. Pauvre petite créature.
Il ouvrit la porte de la calèche, et le jeune Ludwig monta sans attendre. La petite créature, elle, hésitait. Bof, Après tout, ca n'était pas ses affaires. Le cocher remonta a l'avant, puis attendit le signal traditionnel du départ... Signal qui n'arrivait pas.

Ludwig regardait le jeune homme. Bien sur, il avait remarqué le manège du cocher, mais, pour être franc, ça lui était complètement égal. Pour l'instant, il évaluait son esclave. Bon, apparemment, sa capacité a prendre des décisions par lui-même était a améliorer. Enfin...

< Bon, dépêches toi de monter. Je vais pas attendre éternellement, tu sais. >

Cette dernière phrase, dite bien haute à l'intention d'Hideaki, allait surement le convaincre. Ou du moins, le jeune maître l'espérait. Sinon il aurait encore pas mal de boulot avec cet esclave.
Ludwig soupira. Puis il attendit.

Je viens de me rendre compte qu'on est toujours pas arrivés au manoir. Tant pis, hein =')
♪ Rape me (Viole moi In french xD)

Ses pensées se bousculaient dans sa tête, les événements se déroulaient trop rapidement. Hideaki regarda le cocher, qui s’endormait sur son siège. Il semblait assez vieux, mais tenait encore bien son âge. Encore bouleversé par ce qui lui arrivait, il ne pensa même pas à monter dans la calèche, regardant toujours les longs cheveux blonds de son maître. Devant la silhouette d’Alexander, le cocher blêmit et sauta au sol pour s’incliner devant lui. Puis, étrangement, le vieil homme le dévisagea. Toujours tête basse, il entendit clairement le reniflement du cocher. Hideaki serra les poings comme les dents, se retenant de ne pas griffer cet homme.

*Pourquoi…pourquoi dois-je me soumettre à ce démon ? Quel enfer…*

D’un regard noir, il fixa le cocher qui remonta sur son siège après l’avoir regarder une dernière fois. Hideaki soupira en repensant à sa sœur, puis à tous ceux qui s’occupait de lui. Les rejoindrait-t-il un jour ? Il l’ignorait. Perdu dans ses pensées, il ne pensa aucunement à suivre son maître. Seule la voix d’Alexander le tira hors de sa léthargie. Il embarqua rapidement dans la calèche en silence. Puis, la voiture démarra vers le manoir. Sa voix enrouée s’adressa de nouveau à son supérieur.

-Maître Alexander…pourquoi m’avoir choisi, moi ?

[Je ne voulais pas en dire trop, alors, je te laisse choisir le reste du voyage jusqu'au manoir !]

Ludwig regarda le jeune homme aux cheveux noirs monter a ses cotés, puis s'assoir, mal a l'aise. Lorsque le jeune homme eut fermé la porte, le jeune démon frappa trois coups secs contre le panneau de bois, et aussitôt on put entendre le cocher qui motivait ses chevaux à l'aide de sa voix, et un peu plus a l'aide de ses fouets.
Le nouveau maître regarda son esclave pendant quelques secondes. Il était assit a l'autre bout du véhicule, a moitié recroquevillé sur lui-même, sans doute par timidité. Ainsi, lorsqu'il prit la parole pour lui demander pourquoi l'avait-il choisi,le jeune maitre s'autorisa un sourire. Bien. Il avait déjà acquis le réflexe de l'appeler correctement. Comme tout le monde. Certains mettaient plus de temps a s'en rendre compte, mais, suite à certaines remises à l'ordre, on pouvait facilement corriger ça.
Enfin... C'était quoi la question déjà ? Ah, oui. En fait, Ludwig ne savait pas réellement lui-même. Il s'était juste dit pourquoi pas. Donc...

< Pourquoi? Et bien... Bonne question. Peut-être parce que je voulais me débarrasser le plus rapidement possible de cette corvée qu'est celle de choisir un esclave. >

Un silence, pendant lequel on n'entendit que les bruits des cailloux sur lesquels passait le véhicule de transport. Ludwig ferma les yeux un moment, puis continua d'une voix douce, en murmurant, si bien que qu'on devait se concentrer pour entendre ce qu'il disait :

< Ou bien.. Peut-être parce que j'ai juste eu un pressentiment... Qui s'avérera juste... je l'espère. >

Un petit sourire éclaira les lèvres du jeune maitre. Pour quelqu'un qui ne le comprenait pas, on aurait dit que tout cela n'était qu'un jeu, pour lui. Mais en fait, il y avait un peu de tristesse dans son regard, si l'on regardait bien.


Musique ♪
PatD- Radiohead Cover.

Du coin de l'œil, le jeune démon observait Hideaki. Il voyait qu'il arborait un petit sourire, sans doute a cause de la seconde phrase qu'il avait dite. Bah, ça devait être normal. C'était le genre de phrase que l'on prenait facilement pour un compliment. Ludwig vit que le jeune animorphe se détendait peu a peu. Il se mettait à l'aise, et bon, tant mieux pour lui. Du moment qu'il n'en abusait pas trop...

Devrais-je continuer à vous vouvoyer, Maître Alexander ?

Arf. Quand on parlait de dépasser les limites. Le jeune démon se tourna d'un mouvement brusque et fixa le jeune homme aux cheveux noirs. Il ne souriait plus, et son regard était devenu froid, l'ombre de tristesse s'étant envolé de ses yeux pour laisser place à un regard de glace. Et lorsqu'il prit la parole, ce fut pour prononcer des paroles d'un ton un peu trop brusque à son gout :

< Non. Je ne vois pas pourquoi est ce que tu serais avantagé par rapport aux autres. Du moins pas pour le moment. Ça dépend. Plus tard, je sais pas. Mais pour l'instant, il n'en est pas question, compris? >

Sans attendre de réaction de la part Hideaki, le jeune maitre se tourna vers la fenêtre. Le paysage défilait devant ses yeux, passant d'un bosquet d'arbres à des pâturages pour les chevaux et les vaches, puis a les cultures de multiples céréales. Ils étaient presque arrivés.
Et en effet, quelques instants plus tard, la calèche s'arrêta dans la cour du manoir. ce dernier, bien entretenu, se détachait sur l'une des plus hautes collines des environs. Sa construction était d'architecture ancienne, mais distinguée, et le parc qui s'étendait aux alentours de la gigantesque demeure était garni de plantes, d'arbres et de bosquets de fleurs en tous genre. Près de l'endroit ou le cocher avait garé le coche se trouvait un bassin, orné de statues représentant les anciennes divinités de l'île, maintenant oubliées de la plupart des habitants.
Le jeune maitre descendit du véhicule sans attendre que le cocher ouvre la porte, et s'avança en direction de chez lui. le soleil faisait auréoler ses cheveux dorés, les rendant encore plus scintillants.
Ludwig fit quelques pas, puis se retourna, attendant son nouvel arrivant, pour lui présenter les lieux et lui indiquer les règles à respecter.


Désolée. J'suis vraiment méchante avec ton perso, la. =X

Hideaki regarda le paysage défilé devant ses yeux, les arbres cependant rares dans la région. Peut-être avait-t-il un peu dépassé la limite de la détente. Il ferma les yeux en écoutant les paroles de son maître, un peu brusque et glacial. C’est vrai, pourquoi serait-t-il plus avantagé que les autres domestiques ? Il n’était qu’un esclave, lui aussi. Un sourire mélancolique passa sur ses lèvres, s’effaçant aussi vite qu’il était venu. Le ciel était encore clair, le soleil était assez haut pour réchauffer son corps. L’animorphe soupira de nouveau, en regardant son propriétaire.

-Oui, désolé, Maître Alexander…

Peut-être qu’il ne savait plus quoi dire, peut-être qu’il ne voulait plus parler, mais sa voix se perdit dans le vent. Un silence, presque religieux, s’était installé dans la calèche, qui s’arrêta, quelques minutes plus tard, près d’un grand manoir, à l’allure ancestrale, entouré d’un grand jardin, où trônait aussi plusieurs statues, représentant il ne savait quoi. Peut-être des arrières grands-parents, des divinités…enfin, Hideaki regarda un moment le parc, suivant de près son maître. Il entendit encore le reniflement distinct du cocher, qui suivit peu après l’esclave et son propriétaire pour rejoindre ses compartiments. Enfin, le jeune animorphe tourna vite son regard vers Alexander, qui l’attendait près des grandes portes du bâtiment. S’approchant timidement, il observa la nature, les arbres, l’eau, les buissons. Il respira profondément, puis rejoignit son supérieur.

[Nan, pas grave, ça me donne plus d’inspiration !
PS : J’aime beaucoup ta signature !]

Le jeune maitre regardait Hideaki s'approcher doucement, regardant tout et rien. Le ciel, les arbres, les oiseaux. Il se retournait pour mieux voir la fontaine... Enfin, une réaction normale pour quelqu'un qui n'avait pas souvent vu le luxe de la grande demeure. Ce devait bien être le cinquième esclave qui avait ce comportement depuis le début de l'année précédente, et c'est surement pour cela que Ludwig n'en tint pas réellement compte, même si ne comprenait pas vraiment cette réaction. Il pouvait imaginer pourquoi, certes, mais pourquoi une telle admiration devant la fontaine, devant le parc? Enfin...
Lorsque le jeune esclave l'eut rejoint, Ludwig lui tourna le dos et s'avança vers la maison, gravissant les marches sans aucune difficulté, ayant l'aisance d'un habitué de la maison. Ce qu'il était. Ils arrivaient à peine que les battants de la lourde porte sculptée en chêne brut s'ouvrirent, révélant deux elfes domestiques, qui s'inclinèrent dès qu'elles virent le jeune homme. Malgré elles, elles redressèrent le regard pour regarder le nouvel arrivant. Leur regard était objectif pour celle qui était a gauche de l'entrée, mais l'elfe brune, celle de droite, le regardait avec un petit sourire énigmatique...
Et pendant ce temps, Ludwig parlait :

< Aujourd'hui je vais te faire visiter la maison. Par contre retiens bien et rapidement les pièces et leur disposition dans la maison. Ça pourra t'être utile pour plus tard... Donc, sur la gauche, c'est la salle de séjour... A Droite, c'est la salle à manger, et il y a une porte la-bas... Si, regarde bien... Là. Donc, c'est la cuisine... Et puis après... >

Soudainement, alors qu'il montrait les nombreuses pièces du manoir, le jeune maître s'arrêta au beau milieu d'un couloir, puis se retourna pour examiner le corps de son esclave. Il était svelte, et portait des vêtements trop grands pour lui. Ludwig grimaça. Bon, ça, déjà, il faudrait y songer bientôt. Il avait de longs cheveux sales en batailles, et sa peau, apparente par endroits, entre les déchirures des vêtements et ses avant-bras, ses mollets, laissait entrevoir des bleus un peu partout sur le corps. Bon, il faudrait songer à lui faire prendre un bain, et puis appeler le médecin aussi.

< Ou peut-être appeler le médecin d'abord, ça serait plus simple... >

Ludwig fronça les sourcils. Il avait parlé à voix haute? Oh, tant pis.

Désolée pour le retard, j'avais lu ton post dimanche, mais avec la représentation de théâtre, et puis les répétitions... j'ai pas eu le temps. =X

Ses yeux observaient bien chaque détail de chaque partie du jardin, tout en continuant son avancée vers son maître. Puis, la fontaine, éclairant le jardin de son eau réjouissante. L’aspect physique de cet éden lui remontait un peu le moral. Hideaki n’était pas habitué à ce genre de décor, un grand sourire ornant ses lèvres devant la grande demeure à l’allure médiévale.

Lorsqu’il eut enfin atteint le pas de la porte, l’animorphe regarda tranquillement son maître, le suivant de près en écoutant sa voix anormalement claire. Il mémorisait chaque petite parcelle du manoir, comme le lui avait demandé Alexander. Puis, celui-ci indiqua une porte, mais le jeune homme dût s’étiré pour voir enfin la petite porte, qui s’avérait être la cuisine. Une cuisine qui dégageait une bonne odeur alléchante. Son ventre grogna en pensant à ce qui pouvait y cuire, tentant de cacher sa faim.

Tout en y repensant, Hideaki se souvint des deux elfes qui leurs avaient ouvert la porte. Une, qui avait peu d’importance pour lui, l’avait regardé bêtement, mais l’autre, après réflexion, semblait lui avoir fait un sourire. Il tourna la tête vers l’ancienne disposition des deux êtres, mais il ne remarqua que la grande porte en chêne. Aucun elfe aux alentours. Pourtant, il y avait bien ces sylphides à l’entrée. Encore bouleversé, le jeune animorphe se dit que, peut-être, avait-t-il un problème de vision.

*Alors, si je me souviens bien, il y a la salle de séjour sur ma gauche, à droite la salle à manger, puis la cuisine plus loin. Puis, là…*

Il fut tiré hors de ses pensées au moment où, subitement, son maître s’arrêta. Passant à deux doigts de foncer dans le dos de celui-ci, il recula rapidement. Les grands yeux bleus d’Alexander le fixèrent, examinant tout de sa tête à ses pieds. D’un regard interrogatoire, Hideaki observa également le grand corps du démon. Il faisait environ 20 cm de plus que lui, le jeune homme se sentant un peu petit avec son un mètre soixante-cinq. Puis, il se regarda lui-même. Ses vêtements, anciennement d’un blanc pur, était brun et couvert de sang, laissant voir ses blessures à travers le tissu. Puis, Alexander sembla parler, mais adresser à lui-même.

-Un médecin ? Je n’en ai pas besoin, mais merci ! Ce n’est que des blessures mineures, je ne suis pas malade ! Pas de fièvre !

En touchant son front, le jeune animorphe sentit bien qu’il était malade mais n’osait pas l’avoué. Il regarda le sol en soupirant...

[Pas grave, je suis patient ! J'espère que tu aura beaucoup d'inspirations avec mon texte ! En plus, j'écoutais Shonen Heart ]

Le jeune démon regarde le jeune homme. Il pressentait qu'il réfuterait sa proposition... Et en effet, il n'eut qu'à attendre quelques centièmes de secondes pour entendre le jeune esclave contredire sa version des choses. Hum. Et bien, il l'aurait cru, si le jeune esclave n'avait pas porté sa main à son front à ce moment la. Le jeu d'acteur était pas mal, même s'il restait à travailler.

< Mais bien sur. Et je vais te croire. Va t'assoir dans un fauteuil, au salon, je t'y rejoins.>

Et sans attendre la réponse, ni même l'accord du jeune homme, Ludwig quitta le couloir pour monter à l'étage. Arrivé en haut, il parcourut quelques mètres dans un couloir éclairé, il poussa le porte d'une petite pièce adjacente a sa chambre : c'était la penderie. Arrivé là, il prit une chemise blanche, un pantalon noir et des sous vêtements propres, avant de redescendre dans le salon, demandant au passage a une elfe de téléphoner sans attendre au médecin.

< Tiens, je t'ai trouvé des vêtements propres. Dès que possible tu iras te laver, mais avant je veux que tu te fasses examiner. Je n'ai pas envie de partie avec un esclave mal en point. >

Le jeune maitre avait dit ces phrases d'un ton neutre, qui laissait a penser que le sort de ses esclaves lui était égal, ce qui était pourtant à l'encontre de ses paroles. Enfin, Hideaki avait quand même des choses à apprendre avant le départ. Il était vrai qu'il avait des compétences, ça, le jeune maitre l'avait déjà remarqué auparavant, mais il lui fallait les développer encore et encore, jusqu'à ce qu'elles deviennent optimales. Après, on aviserait du cours que prendraient la suite des événements.
Pendant cette réflexion sur l'avenir, le jeune maitre regardait le visage du jeune animorphe d'un air absent. Oui, il avait l'air bien pale, et de plus, ses cheveux noirs contrastaient avec la blancheur de sa peau, et cet ensemble lui donnait un air maladif...

A ce moment, la, une elfe entra dans la grande salle et s'inclina en disant que le docteur ne pourrait pas arriver avant le début de l'après-midi. A l'entente de cette nouvelle, le jeune maitre fronça les sourcils puis soupira. Tant pis. Ils allaient s'occuper différemment en attendant, même si Ludwig était embêté. Lui comptait commencer l'entrainement le plus rapidement possible. Le jeune maitre jeta un regard en coin à son esclave tandis que la domestique disparaissait aussitôt son message délivré :

< Hideaki. tu as faim ou pas ? >


Voila. Ça te vas ou pas ? =X
j'ai laissé une marge d'action alors... O_o...
Et au fait, désolée de n'avoir pas pu de te répondre plus tôt, je suis allées aux papillons de Nuit voir les HIVES <3

Comme acteur, Hideaki était très bon, mais sûrement pas assez pour vaincre le regard d’Alexander, qui sembla immédiatement comprendre que l’animorphe jouait la comédie. Tout en écoutant les paroles de son maître, il regarda celui-ci se diriger vers l’étage supérieur. Dès que le jeune homme fût hors de sa vue, l’idée de s’échapper refoula dans l’esprit d’Hideaki. Il descendit d’un pas rapide les escaliers où il s’était engagé et courut vers la porte de sortie. À environ deux mètres de celle-ci, le jeune animorphe figea et fit un tour sur lui-même pour se diriger vers le salon.

*Pourquoi fuir ? Il a sûrement un truc pour me retrouver…*

Tout en poussant le battant menant à la salle de séjour, il se concentra sur les bruits provenant de l’étage du dessus. Ses sens étant tous en alerte, il perçu le tapement distinct des souliers sur le parquet. Hideaki prit sa forme animale et se faufila sous un fauteuil en miaulant. La porte s’ouvrit de nouveau et Alexander entra avec des vêtements. Aussitôt, l’animorphe sauta hors de sa cachette et reprit sa silhouette humaine. En observant ses nouveaux accoutrements, il crût entendre son supérieur lui dire de prendre un bain. En fait, il l’avait vraiment dit. Hideaki releva la tête après qu’Alexander eut dit sa dernière phrase.

-En fait…si possible, j’aimerais prendre un bain avant de manger…

[Désolé pour la grandeur du message, je viens de me réveiller...]

Le jeune maitre acquiesça. Il pencha la tête, et indiqua au jeune animorphe de le suivre, avant de sortir de la salle. Une fois dans le couloir, Ludwig jeta un coup d'oeil aux deux elfes qui se tenaient près de la porte. Celles ci, en l'entendant s'approcher, s'étaient aussitôt inclinées, mais le jeune maitre sentait bien qu'elles regardait le jeune esclave qui marchait près de lui.
Humph... Et alors ? Le jeune homme regarda l'animorphe qui se tenait près de lui. Il avait les yeux baissés, dans une expression humble. Certes. Enfin...
Le jeune blond monta les marches de l'escalier, une par une. Il y en avait treize. Il le savait bien. Il les comptaient, lorsqu'il était petit. Il comptait les marches, il comptait les pas qui séparaient une pièce à une autre. Par exemple, il y avait, lorsqu'il avait cinq ans, vingt-et-un pas qui séparaient son lit de la salle de bains qu'il occupait depuis son enfance... Et qui allait maintenant être également celle de son esclave... Enfin, si celui-ci prenait soin de ce qu'il touchait. Sinon... Il irait tout simplement se laver avec les autres esclaves. Enfin. Y n'y avait que des filles, ici. Mis a part le cocher. Bah. Ça ne devrait pas le déranger plus que ça.

Débarquant dans le même couloir que celui dans lequel il s'était trouvé quelques minutes plus tôt, il tourna dans la direction de sa chambre, et ouvrit la pièce voisine de celle ci, et désigna l'endroit à Hideaki :

< Ok. La c'est ma salle de bain. Tu prendras un bains, non ? Prends cette baignoire. Je suppose que tu sais comment ça marche. >

Pendant qu'il parlait, il entra dans la petite pièce, décorée dans les tons bleu, blanc et doré. Le jeune maitre désigna un tas de serviettes, puis sourit à son esclave d'un ton quelque peu froid :

< Ok. Je reste la, ou tu préfères que je m'en aille ? >

Sa voix s'était éteinte progressivement, et le jeune homme s'adossa a un mur, en attendant la réaction du jeune esclave en souriant froidement... Espérant qu'elle soit à sa hauteur...

J'adooore ton post *o* ... Et ta signature aussi =')


Ludwig regarda le jeune homme s'activer dans la salle d'eau : il alla directement ouvrir le robinet de la baignoire, la laissant se remplir d'eau tandis qu'il se déshabillait. Ainsi, lorsque le jeune esclave enleva son chandail, le jeune maitre découvrit les cicatrices du jeune brun. Il fronça ses sourcils. Elles étaient rouges, et lui barraient la quasi-totalité du dos, ce qui, en soi, n'était pas rien : elles pouvaient s'infecter rapidement. Ludwig n'eut que le temps de se dire qu'il avait bien fait d'appeler le médecin, malgré les protestations du jeune esclave, qu'Hideaki se coiffait déjà les cheveux, défaisant pour cela la pince qui les retenaient. Cheveux étonnements longs, d'ailleurs. Et sales. Ludwig grimaça intérieurement lorsqu'il prit sa brosse pour se peigner les cheveux. Il imaginait d'ici la tète de la brosse après qu'il eut fini. Enfin, il devait avouer que c'était de sa faute, du moins en partie : il n'avait pas pensé a lui faire apporter ses propres objets personnels.

- En fait…je ne sais pas. Si cela vous dérange de me voir nu, libre à vous de partir, vous êtes mon maître.

Ludwig se permit un sourire. Pile la réaction qu'il attendait. Bien. Le jeune esclave n'était pas pudique pour un sou : c'était quelque chose qu'il lui avait prouvé en enlevant son chandail devant lui, en effet. Il croisa le regard de son esclave : celui ci se sentait à l'aise, comme s'il était chez lui, et que Ludwig était l'inviter. Quelque chose de tout à fait contradictoire avec ses paroles.

- Vous savez, si vous souhaitez prendre un bain avec moi… je ne dis pas ça pour vous insulter, vous êtes très propre.

Ça, c'était de la provocation. Ou en tous cas, Ludwig le prit comme tel. Un sourire s'étira sur ses lèvres, lentement. Il resta adossé au mur pendant quelques secondes, observant la réaction de son esclave, observant son visage à travers la glace de la salle de bains, car celui ci s'était retourné, se coiffant toujours. Hideaki, après avoir croisé son regard toujours aussi froid, rougissait. Quand même. Puis, le jeune brun sourit, comme s'il avait des souvenirs dans sa tète. Mystérieux...

- Nee-san…désolé. Maître Alexander, quand partirons-nous ?

Nee-san ? Ludwig fronça les sourcils. Bine que le jeune homme se soit reprit, il l'avait appelé nee-san ? Hum. C'était un point de plus à ajouter sur la lise des choses qu'il lui faudrait apprendre avant qu'ils ne partent : avoir le respecter, même dans... Ludwig jeta un rapide coup d'oeil circulaire... Même dans l'intimité.
Enfin...
La phrase précédente revint en mémoire du jeune maitre. Sans répondre tout de suite à la question posée par Hideaki, il s'approcha se lui, dans son dos, et tendit la main vers ce dernier, frôlant les cicatrices du bout des doigts. Une question se posait dans sa tète. Pourquoi ? Dans quelles circonstances...? Ces cicatrices...
Toujours dans le dos de son esclave a demi-nu, Ludwig, examinant des yeux les cicatrices, puis fixant le reflet d'Hideaki dans le miroir, posa une question simple, composée d'un unique mot :

< Comment... >

Sa voix, devenue souffle a peine audible, sondait l'esprit du jeune homme, cherchant une réponse, négligeant les questions posées auparavant... Seule sa réponse comptait.

Mouarf. J'suis inspirée la. =')
J'ai hâte de voir comment Hid' va réagir xD

Le jeune maitre regarda le jeune brun d'un air suspicieux. Ce dernier tentait d'ailleurs maladroitement d'expliquer pourquoi il avait dit nee-san. Chose qui n'était qu'un détail pour Ludwig. par rapport à la cicatrice. Aux cicatrices. S'avançant vers le jeune homme, il frôla du bout des doigts les contours de l'ancienne blessure. Celle ci était assez récente : elle avait surement été faite lors de l'emprisonnement du jeune garçon. cela expliquait les vêtements longs qu'il portait : ce serait alors pour masquer les blessures. Quel coup de bas étage. le jeune maitre se promit d'aller en parler avec le vendeur.
Un silence s'amassa dans la petite pièce, puis Ludwig posa une question. Question qui s'ensuivit rapidement d'une réaction un peu trop violente au gout du jeune maitre.

Comment ? Et bien, le jeune maître voulait juste essayer de comprendre ce qui lui était arrivé. Cette question n'avait aucun sous-entendu. Chose qu'apparemment Hideaki, ce jeune et prétentieux esclave... Avait-il mal ?... Si on continuait comme ça, il y en avait plein d'autre, des questions. Pourquoi donc ? Qu'avait-il fait pour recevoir des coups qui ont laissés cette marque ? Et puis, pourquoi est ce que ce fichu esclave soi-disant rebelle refusait de le lui dire ?
Pourquoi l'avait-il jeté à la porte de cette façon ? Oui car, en ce moment même, lorsque Ludwig se posait toutes ses questions, les traits de son visages crispés, il avait été littéralement jeté dehors, par son esclave. Par quelqu'un qui lui avait proposé quelques minutes avant de rester pendant qu'il se lavait.
Chose toute bonnement inadmissible. Le jeune démon ferma les yeux essayant de se calmer avant qu'il ne soit trop tard, qu'il ne se mette dans un état de colère qu'il ne pourrait plus contrôler. S'il y avait bine une chose que le jeune démon détestait, c'était bien de perdre le contrôle des événements.
Ludwig fixa le battant de la porte, porte qu'il devinait fermée a double tour. Pour ne pas qu'il rentre. Il repensait à l'expression hideuse qu'avait prit le visage du jeune brun lorsqu'il s'était retourné, lui faisant face. Il se souvenait parfaitement des mots qu'il lui avait lancé à la figure, avant qu'il ne lui prenne le poignet et qu'il ne le jette dehors. Il baissa les yeux, et regardait son poignet, ou la peau blanche et sensible était rougie à l'endroit ou le jeune esclave l'avait saisi. Il pensait. Réfléchissait à ce qui avait bien pu mettre le jeune esclave dans cet état : était-ce par ce contact, entre ses doigts et sa cicatrice ? Lui faisait-elle mal à ce point ? Qu'avait-il fait ?

Pourquoi souhaitez-vous m'aider ? Pourquoi me soigner ? Et bien... Sans doute parce qu'il était son esclave, c'était tout. Et Ludwig souhaitait un esclave. En bonne santé de préférence. Parce qu'un esclave en mauvaise santé serait un poids pour le voyage qu'il s'apprêtait à faire. C'était tout. Oui... Ludwig essayait de s'en convaincre.

Pour que je vive de nouveau un enfer pire que mon ancienne vie ?! Ludwig fronça les sourcils. Qu'est ce qu'il avait voulu dire par cette phrase ? Parlait-il de son passé, qui comportait ces cicatrices ? Il n'aurai su le dire avec justesse, tellement les sentiments du jeune esclave lui paraissaient flous.

Il se passa une main sur ses yeux, sur son visage, en soupirant. Tout cela était si compliqué. Au bout d'un moment de silence, il ouvrit la bouche, disant d'une voix qui voulait neutre, sans trace d'inquiétude, ni de perplexité, ni de colère.. Trois sentiments qui bouillonnaient à l'intérieur de lui en ce moment même.

< Quand tu auras fini, rejoins moi dans la chambre, pour que je te donne des vêtements propres. C'est la porte voisine, sur la droite lorsque tu sors de la salle de bains... >

Le jeune maitre fixa encore une ou deux secondes la porte, attendant une réponse qui ne venait pas, ou si peu audible qu'il ne l'entendit guère. S'éloignant alors d'elle, il poussa la porte de sa chambre, puis entra, se dirigea vers la commode et y choisit une tenue complète, qu'il déposa sur le lit, avant de s'y allonger, pensant à ce qu'il venait d'arriver.

Ludwig ne dormait pas. Il pensait. Il pensait à comment tout cela était arrivé. Il menait une existence bine tranquille, avant tout cela. Mais depuis ce matin, il se sentait a fleur de peau, et il savait, au fond de lui-même, qu'il ne pourrait plus avant longtemps avoir le contrôle sur toute la maisonnée. Son père te sa mère étant absents ces derniers temps, le jeune maitre avait la maison pour lui tout seul, et, bien que, n'ayant pas fait le voyage, il était toujours considéré comme un adulte, il se savait plus mature que pas mal de personnes de son age.
De l'autre coté du mur, il perçu, grâce à son ouïe fine, le bruit de douce qui le berçait depuis quelques longs instants cesser, indiquant donc que le jeune esclave était sorti de son bain.
Ludwig ouvrit les yeux, puis les referma aussitôt, recouvrant son visage d'un bras. Il ne comprenait pas cet esclave. Il le sentait agité au plus profond de lui-même, mais il ne parvenait réellement pas à le comprendre. Il le fallait, pourtant : ce serait avec lui qu'il passerait les prochains mois, et il était logiques qu'ils s'entendent bien. Or l'entente venait le la compréhension, c'était une leçon dont il avait déjà tiré les conclusions auparavant.
Son bras se décala sur son visage, pour finir par retombe, inerte, sur le matelas, et Ludwig jeta un rapide coup d'oeil aux vêtements qu'il avaient préparés pour le jeune esclave. C'était une simple chemise blanche, assortie avec un boxer et un pantalon droit, de couleur foncée, presque noire. Ils lui iraient bien.

Ludwig ferma les yeux, lorsque trois coups furent frappés à la porte. Le jeune maitre ayant la réactivité d'un escargot, il ne broncha même pas, ce qui incita, d'après les bruits qui provenaient du côté de la porte, au jeune esclave d'entrer finalement, sans attendre. Alors, le jeune maitre entendit des pas se rapprocher, lentement... Une respiration s'accélérer légèrement. Et puis, le jeune esclave, qui s'approchait, toujours un peu plus.
Des cheveux fins,légèrement mouillés, mais rien de bien désagréable. Une bonne odeur de shampoing. Un visage dans le creux de son coup. Des lèvres contre sa peau...
Ludwig ouvrit les yeux, pour constater que le jeune esclave se tenait bien contre lui, sa tète enfouie dans son propre cou. Il sentit les battements de con coeur s'accélérer, mais s'ordonna une réaction calme, et, après quelques instants ou tous deux restèrent comme ça, dans cette position, la voix du jeune maitre s'éleva :

< Hideaki... Qu'est ce que tu fais ?>

Il regardait les cheveux soyeux, redevenus d'un noir de jais, attendant la réaction du jeune animorphe, calme...
Ou presque. Tout dépendait du jeune esclave.

Ludwig regarda le jeune homme, qui venait de se redresser brusquement. Il paraissait plus que gêné, mais pas seulement pour ce qu'il venait de faire, enfin, si... Mais le jeune maitre sentait bien qu'il n'y avait pas que le fait de sa position, sur lui, qui dérangeait le jeune esclave. Le jeune blond regarda Hideaki, et soupira : pourquoi fallait-il qu'il ne le comprenne décidément pas ? Parce que là... Le geste, les gestes que venaient de faire le jeune esclave lui étaient totalement insensés. Pour ainsi dire, Ludwig ne les comprenaient pas, tout simplement.
Le jeune esclave se releva bine prestement, compte tenu de ses cicatrices, et tenta de s'excuser tant mieux que mal, d'expliquer pourquoi... Les yeux du jeune maitre le regardaient, scrutaient son expression, tentaient d'y voir plus clair. Hideaki, pendant ce temps, se reculait toujours au fur et a mesure que Ludwig se remit sur pied. Il se dressait sur un coude, puis sur l'autre, et le jeune esclave recula, un pas après l'autre, jusqu'à s'aplatir contre le mur... Avant de se rouler en boule d'un air apeuré... Comme un chat. Le visage entre ses mains, il pleurait.
Ludwig le regardait toujours, se demandant ce qu'il valait mieux qu'il fasse. Le laisser souffrir, la, tout seul, était hors de question, mais il ne voulait pas se montrer trop affectueux. Entretemps, il s'était levé, et dominait de désormais toute sa hauteur le jeune brun.

- Maître Alexander…comment…que feriez vous si quelqu’un vous dirait qu’il vous aime ?

Le jeune maitre fronça les sourcils... Alors, cette expression apeurée. Ce comportement étrange... Ce serait parce qu'il... Hideaki... Lui, son jeune esclave, qu'il connaissait depuis le matin même... L'aimerait ? C'était... Tout bonnement impossible. Il lui aurait fallut avoir le coup de foudre pour lui, mais Ludwig sentait bien que ca ne s'était pas passé comme ça. Non, il pensait que le jeune esclave était juste reconnaissant à son maitre pour l'avoir sauvé. Sans plus.
S'il savait à quel point il se trompait lui-même...

Il se força cependant à s'approcher du jeune homme... Cette scène. Il lui semblait... Non, c'était impossible, il ne pouvait pas l'avoir déjà vécue auparavant. Et pourtant. Ce souvenir, dans sa mémoire. Il lui semblait si intacts, mais si poussiéreux, comme s'il n'avait osé le sortir de sa mémoire active, y repenser. Depuis le temps...
Un même lit à baldaquin, un même jeune homme blond, quoi que plus jeune à l'époque... Et... Un jeune brun, sur lui. L'embrassant.

le jeune maitre se figea, la main à quelques centimètres du visage d'Hideaki. Il voulait le rassurer, mais pourtant. Là... Et le jeune esclave pleurait, sanglotait toujours. De désespoir. Par peur de ne pas comprendre ses propres sentiments. Ludwig, dans un sens, le comprenait. Lui-même avait eut un mal fou à reconnaitre ses propres sentiments, ce soir-la. Mais pourtant...
Non. Ne plus penser à ça. C'était du passé. Cela ne le concernait plus, à présent. Le jeune blond regarda Hideaki, qui gémissait, se reprochant d'être trop naïf... Ludwig tendit la main, et attrapa le poignet du jeune brun avec douceur, afin de l'empêcher de se mutiler en défonçant, par la même occasion, le parquet. Puis, toujours avec finesse, il lui sécha les larmes qui coulaient à l'aide de ses doigts... Il sourit à son esclave, se voulant rassurant.
Ne pas penser à ça... c'était du passé maintenant.
Maintenant, il se retrouvait confronté a d'autres sortes de problèmes.

< Tout dépend de la personne... >

Toujours avec un petit sourire étiré au coin des lèvres, le jeune maitre entoura Hideaki de ses bras...
Non. Ne plus penser à ça...

Le jeune maitre regarda les longs cheveux soyeux de son esclave. Bizarrement, cela ne le dérangeait pas de prendre Hideaki dans ses bras. Cela ne le dérangeait pas de le rassurer, même si le jeune maître savait qu'il ne ferait pas ce geste pour beaucoup de gens... Ses esclaves en particulier. Mais la. Il devait avouer que c'était... Un situation particulière.
Pourquoi donc ? Il ne saurait le dire, mais c'était juste un sentiment, un pressentiment au fond de lui-même. Quelque chose qu'il savait que ça existait, au plus profond de son coeur, mais... Il ne fallait pas qu'il y prête une trop grande attention, il le savait. Le jeune homme qu'il tenait serré -enfin, pas trop quand même- contre son coeur, il le savait bouleversé. Il était vrai que sa vie avait été brusquement bouleversée, et que le jeune esclave n'était plus maître de son destin. Il savait également qu'il avait eu un passé des plus éprouvants pour les nerfs, et pensait que les sentiments qu'Hideaki croyait avoir pour son maître n'était que la contre-partie du choc qu'il avait reçu. Du tournant que prenait sa vie. Rien de plus.
Ça ne pouvait pas être autre chose. De toute façon... Personne ne pouvait l'aimer. De ça, en tous cas, Ludwig ne doutait plus depuis bien longtemps. Alors il était normal que la question que venait de lui poser son jeune et nouvel esclave, qui s'était détaché de lui pour le regarder, lui arrache une onomatopée d'incertitude et de stupeur. Mais, malgré cette réaction un peu inattendue, le jeune maître essaya tant bien que mal de répondre, désorienté, pendant qu'il regardait le visage, enfin les cheveux d'Hideaki, car celui-ci venait de ré-enfouir son visage dans le creux de son cou. Ludwig déglutit, avant de prendre la parole d'un ton hésitant :

< Je... Non... Mais. Enfin, pourquoi tu me demandes ça maintenant ? Et puis, de toute façon... >

Il sentait que les sanglots de son esclave s'espaçaient peu à peu, tandis que lui-même perdait à chaque seconde qui passait un peu plus de sa détermination et de son assurance. Ludwig avait des questions plein la tète, et se demandait comment il allait bien pouvoir y réponde. Son coeur battit un peu plus vite, pendant qu'il entendait des pas précipités dans le couloir, se rapprocher. Des coups furent frappés bien trop tôt à la porte, tandis qu'une.. Une domestique entra dans la pièce, et croisa aussitôt le regard froid du jeune maître. Elle osait le déranger, alors qu'il était.... Euh, dans une position assez incertaine vue de l'extérieur, en fait... Ludwig jeta un regard en coin à Hideaki, qui se tenait toujours contre lui, mais son regard interrogatif et quelque peu gêné était posé sur la servante, qui se confondit bien aussitôt en excuses et referma la porte, la tète baissée en tentant tant bien que mal de masquer sa gêne qui était grandement visible sur les joues...
Ludwig ferma les yeux d'un air agacé, tandis qu'il pensait bien malgré lui qu'une rumeur allait se former dans la demeure. C'était assez compromettant, surtout pour se faire obéir.

Hum... Vous devriez sans doute aller lui parler, Maître Alexander...
Le jeune démon fronça les sourcils. d'un côté, il se demandait à quoi bon, puisque, quoi qu'il fasse, cela allait déclencher une fichue rumeur. Mais d'un autre côté, elle n'était pas venue pour rien.
Vaincu, il se releva, époussetant sa chemise blanche, qui s'était légèrement froissée, puis avisa le jeune esclave.
Ah ouais quand même...
Un sourire naquit sur les lèvres du jeune maitre, qui bientôt ne put s'empêcher de rire. Un rire sincère, et, il fallait l'avouer, une pointe de moquerie, mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, pas seulement dirigée contre le jeune esclave, mais aussi contre lui-même. Ils avaient du faire un beau tableau, étant donné que Ludwig avait une chemise blanche a moitié déboutonnée, et que son esclave n'avait qu'une serviette blanche en tant que vêtement...
Au bout de quelques instants ou le jeune maître regardait le corps, et la réaction du jeune homme, il le tourna pour aller prendre les affaires posées sur le lit.

< Pas la peine. Par contre, habille-toi, et on descendra. Si elle était venue dans la chambre, c'était surement parce que le médecin est arrivé. >

Le jeune maitre regarda son esclave s'habiller tranquillement devant ses yeux scrutateurs. les vêtements lui allaient assez bien, mis à part que Hideaki avait le torse moins développé que celui de Ludwig, car la chemise flottait un peu sur son corps, lui donnant un air de... Quelqu'un qui venait de se lever. Enfin ça lui aurait donné cet air la s'il n'avait pas eu le pantalon. Pantalon qui lui allait fort bien, quand même. Hideaki avait un corps plutôt fin, mais ce n'était pas choquant, et ce n'était peut-être qu'une impression, finalement.
Ludwig engloba les cicatrices récentes de son jeune esclave du regard. Que lui était-il donc arrivé ? C'était difficile pour le jeune maitre d'aborder directement le sujet, comme il aimait le faire d'habitude. Vu la réaction précédente... En souriant tristement, le regard de Ludwig remonta jusqu'au cou et à la tète d'Hideaki, puis il s'avança, tendant les mains. Il s'approcha du jeune esclave, et attrapa le col de sa chemise, afin de le remettre correctement. Il sourit en croisant le regard du jeune homme, et aplati les froissements de ses mains, avant de laisser ses mains parcourir les épaules du jeune garçon, comme s'il les époussetaient.
Enfin, il plaça ses mans dans ses propres poches, et déclara en guise de réponse à l'aveu un peu tardif du jeune esclave, en haussant les épaules :

> Bah... Pas grave.

Il fit un sourire bref, puis se détourna pour quitter la pièce. Il savait qu'Hideaki le suivrait, maintenant. Et pourtant, lorsqu'il descendit les escaliers, il sentit nettement les pas du jeune garçon se stopper lorsque le médecin fut en vue. Il se retourna, jetant un bref regard au jeune homme puis fixa son regard sur celui du médecin. Celui ci se levait d'ailleurs, et venait à leur rencontre, avant d'incliner légèrement la tète en guise de reconnaissance au maitre de maison.

- Monsieur, bonjour. je suis désolé d'être si tardif, mais, vous comprenez, un accouchement se déroulait mal, et je me voyais forcé de...

La voix redevenue sèche et imposante, qui contrastait tant avec la voix si douce qu'il avait utilisé lorsqu'il était en haut, avec Hideaki, le surprit lui-même, mais il ne montra pas ses sentiments, bien entendu, et fit avec un ton empli d'assurance :

> Laissez tomber. Aujourd'hui, j'aimerais que vous fassiez un examen médical complet du jeune homme ici présent. Et puis, il me semble qu'il est malade, même s'il ne veut pas le montrer... Ah oui, et il y a également les...

Un bref regard en direction du jeune esclave, qui ne semblait pas se montrer très coopératif, le fit hésiter, mais pourtant, il continua. Après tout, il ne faisait que s'assurer qu'il allait être soigné correctement. Pas de quoi en faire un plat.
De toute façon, il fallait bien qu'il se soigne. Et le plus tôt était le mieux.

> ... Les cicatrices, dans son dos. Enfin, vous verrez par vous-même. Voulez-vous que je vous laisse seuls pour les soins ?

Le médecin parut perplexe, mais il reprit bien vite contenance, et sourit maladroitement en jetant un regard à son patient :

- Bien. Et puis, concernant votre présence, ce sera comme le jeune homme voudra. Je ne peux décider à sa place.

Son regard, porté sur le jeune esclave, fut bien vite rejoint par celui de Ludwig, qui attendait la réponse du jeune maitre.

Le regard posé sur le jeune esclave, Ludwig sourit à celui-ci lorsqu'il lui dit sa réponse, une lueur de compréhension dans le regard. Ça ne le dérangeait pas outre-mesure, étant donné qu'il avait lui-même proposé qu'ils restent seuls. Le jeune maitre avait capté le regard qu'Hideaki avait porté sur ses poignets, qui portaient également des marques, chose qu'il avait remarqué auparavant. Il sourit au jeune esclave, qui s'était déjà tourné vers le médecin, avec l'air implacable de celui qui souhaitait que tout cela se termine le plus vite possible. Ludwig le regarda pendant quelques secondes, alors qu'il lui tournait le dos, et s'apprêtait à dire un encouragement quelconque, du genre " ne t'inquiètes pas, ça va aller", mais... Ces mots ne parvenaient pas a sortir de sa bouche. Peut-être était-ce dut à la présence du docteur? Un regard en direction de celui-ci le fit s'incliner, et le jeune homme sorti de la pièce, allant dans celle qui l'avoisinait.
Avisant un fauteuil et un vieux magazine, le jeune homme se dirigea vers celui-ci, et s'assit pour le feuilleter rapidement. Il avait laissé la porte ouverte, et il pouvait entendre les bruits provenant du salon. Il entendit distinctement Hideaki se retenir de ne pas crier de douleur. Retenir un cri ? Le jeune maitre se crispa sur son siège : ce n'était pas si douloureux, si ? Ce n'était que quelques blessures à soigner. Et de toute façon, il aurait fallu le faire, tôt ou tard. Mais une voix dans sa tète, celle qui le contredisait un peu trop souvent à son gout, lui fit entendre que les blessures du jeune animorphes étaient un peu trop multiples et profondes pour que ce soit considéré comme une blessure bénigne.
Ludwig se passa la main sur le visage, cherchant à se rafraichir les idées, puis son regard, jusque la resté sur la porte entrouverte, tomba sur son magazine. Il soupira. de toute façon, il n'arriverait pas à le lire. Il était trop occupé pour s'y concentré. Des pensées contradictoires le saisissaient à la gorge, et il savait qu'il lui fallait faire le tri dans ses sentiments. Chose bien plus ardue que prévue.

Soudainement, on frappa à la porte. Le jeune maitre se leva d'un bond, faisant tomber le magazine jusqu'alors posé sur des genoux croisés. C'était le médecin, qui lui déballa rapidement son diagnostic :
Bien, j’ai apposé des bandelettes sur ses cicatrices, mais malheureusement, ils resteront à jamais, mais ne s’infecteront pas. Enfin, il fait un peu de fièvre, mais rien de grave, juste un rhume qui passera bientôt…

Cicatrices non infectées. Tant mieux.
Pas de maladies grave. Juste de la fièvre, et un rhume. D'accord... Arf, il lui faudra du repos, donc. Ludwig, qui comptait commencer l'entrainement le plus tôt possible, s'en trouvait, encore une fois compromis; Il soupira, puis sourit au médecin, prenant rapidement congé de lui.
Revenant sur ses pas, il frappa légèrement à la porte, puis entra sans attendre dans le salon, ou se tenait Hideaki, occupé a remettre son tee-shirt.

> Comment ça va ? Mieux, j'espère. Histoire que je n'ai pas appelé le médecin pour rien.

Le jeune homme s'assit sur un fauteuil non loin de celui ou était le jeune esclave, et sourit, attendant sa réponse. Assis là, dans ce fauteuil, il avait l'impression que ses membres pensaient une tonne. La fatigue, surement...
Et pourtant, le jeune maitre se sentait bien.