Trois kilomètres à découvert

Cédric était en train de perdre conscience et de s'endormir profondéement quand il entendit le murmure de Wolfgang. Instictivement, il se sera un peu plus contre lui en gémissant doucement. Il aimait cette chaleur et elle lui tint compagnie pendant toute la nuit.

La fièvre qui s'était calmée le repris et il se reveilla en sursaut. Wolfgang le tenait serré contre lui. Cédric avait pris une habitude, quand il était blessé, il prennait son apparence d'oiseau pendant quelques jours le temps que les plaies (devenues plus petites avec la transformation) cicatrisent. Toujours dans les bras du démon, il savait qu'il fallait qu'il bouge pour mettre de l'eau fraiche sur son visage, mais il ne pouvait pas.

Il palpa doucement et précautioneusement tout son corps pour évaluer les dégats. Les blessures étaient multiples, mais celles sur les jambes ne seraient que des brulures peu handicapantes sur ses pattes s'ils se transformait. Ce qui l'inquietait plus, c'était les blessures sur les coudes, elles pouvaient peut être le gêner pour voler... Et un oiseau collé au sol est un oiseau mort.

Il soupira et tenta tant bien que mal de se redresser. Il se dégagea d'abord doucement de l'étreinte du démon et rampa vers la rivière où il s'immerga totalement. Il soupira sentant le froid calmer doucement la fièvre. Devait-il se transformer avant ou après le réveil de Wolfgang ? Si en se reveillant, le démon se retrouvait avec un aigle ne pouvant plus reprendre apparence humaine avant plusieurs jours, il n'allait pas apprecier...

Il en était là de ses reflections quand un poisson cru bon de venir picorer des alges à ses pieds. Surpris, Cédric sursauta en criant...

Son cri reveilla Wolfgang et instinctivement, il s'en excusa. Puis, peu de temps après, le démon se glissa dans l'eau et vint le serrer contre lui. Cédric répondit à son étreinte et l'embrassa tendrement dans le cou. Sans le lacher, il dit alors:

"Wolfgang, il faut que je me transforme. Si je prends mon apparence d'oiseau, je guérirais plus vite car mes blessures seront plus petites. Sous forme humaine, je suis bloqué ici, mais si je prends ma forme volatile, je ne pourrais plus redevenir humain avant d'être totalement guéri..."

Il le relacha un peu car les force lui manquaient pour garder son étreinte sur un temps longs puis il continua:

"Mais avec mes blessures aux coudes, je ne sais pas si je pourrais voler... Et si je me transforme, je ne pourrais pas revenir en arrière avant la guérison qui peut prendre plusieurs jours... Je... C'est toi le maître, j'ai besoin de ton avis pour faire ça..."

Cédric sourit doucement aux paroles de Wolfgang et se laissa aller dans ses bras. Qu'il en soit ainsi, il garderait sa forme humaine. Il embrassa tendrement les lèvres de Wolfgang et lui répondi:

"Entendu. Mais je ne sais pas comment on va traverser cette plaine... Je te fais confiance. Je t'aime."

Il tenta alors de sortir de l'eau et c'est à quatre pattes qu'il refit dans l'autre sens le chemin vers la serviette... Comme à l'aller, il était incapable de se lever. Il attrappa la serviette et la passa sur son corps rapidement. Faisant en sorte de ne pas trop la mouiller - et donc en ne se sechant pas completement - car il savait que Wolfgang devrait utiliser la meme. Il attrappa ce qu'il restait de ses vêtements et tenta de les mettre. N'y arrivant pas, il soupira et murmura, les larmes au bord des yeux:

"Je suis totalement inutile..."

Cédric regarda Wolfgang tout préparer, il s'en voulait tellement d'être inutile... Mais sa tête tournait et quand son maître tendit la main pour l'aider à se relever, il répondit d'une vois très basse:

"Je ne suis même pas sûr de tenir debout..."

Et effectivement, il s'accorcha à la main tendue mais n'arriva pas vraiment à se lever. Ses jambes étaient trop faibles. Quand il réussi à se mettre debout, il perdit l'équilibre et se retrouva dans les bras de son maître. Il ferma les yeux un instant et les rouvrit difficilement. Il tenta de se redresser mais retomba sur les genoux en gémissant de douleur. Il avait tellement envie de dormir... Des larmes, silencieuses, coulèrent sur ses joues, mais il ne dit pas un mot, laissant son maître le mettre en selle pour qu'ils prennent la route.

Cédric se laissa installer sur le cheval et se blotti contre Wolfgang. Il s'endormis peu après que le cheval soit parti au galop. Enfait, ca ressemblait plus à une perte de connaissance qu'à un endormissement... Mais quand ils arrivèrent dans la plaine, il faut réveillé par ses instincts animaux qui le prévinrent du danger. Il ouvrit les yeux se se rendi compte qu'ils galopaient à une vitesse bien trop grande, le cheval allait tomber essoufflé avant qu'ils n'arrivent de l'autre coté de la pleine. D'ailleurs, il semblait perdre de la vitesse... A moins que ce ne soit le fauve qui en prennait mais ca aurait été surprennant. Le félin bondit et mordi le cheval au flanc. Celui-ci rua mettant les deux hommes à terre. Cédric pensa qu'il allait mourir. Wolfgang sorti son épée, prèt à combatre... Enfin, prêt... Il semblait vraiment faible. Cédric commencait à voir flou quand il appercu des fleches fendre l'air et atteindre le félin qui allait s'attaquer à Wolfgang. L'animal tomba sous les fleches, mort. Quelques minutes après, un homme vint à leur rencontre:

"Je suis un ermite guerrier, noble voyageur, puis-je vous proposer mon aide, votre compagnon et vous même semblez dans un bien mauvais état."

Cédric savait qu'il était maintenant en sécurité. Son sixième sens animal c'était calmé. Il s'évanouit.

Cédric reprit lentement conscience, il entendit d'abord des voix. La voix de son amant. Cela le rassura . Puis il sentit qu'il était couché dans un lit. Un lit plutôt moelleux et chaud. Comment étaient-ils arrivés là ? Il chercha à raviver ses souvenir... L'eau froide de la rivière, le cheval qui cours à travers la plaine... Le tigre ! La chute à terre, la douleur... Tiens, elle est où la douleur ? C'est vrai qu'il ne la sent plus. Il ne va pas s'en pleindre, mais c'est étrange tout de même... Où en était-il ? Ah oui, la chute... Le démon se préparant à combattre et... les flèches... Oui, les flèches... Et l'homme. Etaient-ils donc chez l'homme ? Cédric ouvrit un oeil, mais la lumière de la lampe était au dessus de son visage. Il referma les paupières en gémissant:

"Wolfgang ?"

Il avait besoin de le sentir près de lui, de le serrer contre lui, de sentir sa peau, ses lèvres... Il avait besoin de se prouver qu'il méritait d'être avait le démon, qu'il n'était pas juste un poids pour lui... Il leva un bras engourdis vers ses yeux et tenta à nouveau de les ouvrir en appelant:

"Wolfgang ? Où es-tu ? Où sommes-nous ? Wolfgang..."

Cédric se demanda ce qu'il se passait jusqu'à ce qu'il voit le bouteille d'alcool... Et surtout les cadavres de bouteille posés au sol. Il se leva tant bien que mal et fit les quelques metres qui le séparait de son maître. Il se laissa tomber sur ses genoux en renversant intentionnellement le verre de liquide avant que le démon ait pu le boire. Il se souvenait de la réaction qu'avait eu Wolfgang le lendemain. Il savait qu'il ne devait pas le laisser boire ainsi... Mais c'était trop tard, et s'il voulait le faire arrêter, il ne voyait qu'une seule solution... Le problème, c'était qu'il n'était pas sur que son corps tienne. Il posa ses lèvres sur celles du démon mais recula en grimassant. Il empestait l'alcool !

Quand l'homme, blasé, quitta la cabane, Cédric lui lanca un regard désolé, mais il ne pouvait décement pas laisser le démon dans cet état. Il sursauta quand Wolfgang cria son "Bouh" et, bien évidemment, cela fit rire le blond. Cédric se blotit alors contre lui et dit doucement:

"Wolfgang, s'il te plait, arrête... Viens dormir. Restes avec moi, ne me laisses pas..."

Cédric avait l'impression que Wolfgang n'était plus Wolfgang, il se sentait à l'éccart. Le démon se moquait de lui sans s'occuper de savoir comment il allait où ce qu'il pouvait penser. Cédric avait un regard triste alors que le démon chantait toujours. Il était désemparé et blessé. Il ne savait pas quoi faire et avait à nouveau l'impression d'être inutile à son maître. Il le serra contre lui et dit doucement:

"Je t'aime, Wolfgang, je t'en prie, arrête, s'il te plait."

Cédric était désemparé, il ne savait pas quoi faire. Gifler Wolfgang n'était pas une bonne idée. Lui balancer un verre d'eau au visage non plus... Briser la bouteille qu'il appelait avec tant d'envie... La, c'était le vieil homme qui ne serait pas content. Il était perdu. Et avec toute cette agitation, les blessures de ses jambes le torturaient à nouveau. Il soupira et se leva des genoux de Wolfgang. Il prit la bouteille et la vida sans ménagement dans ce qui servait d'évier. Il forca ensuite Wolfgang à se lever malgré ses résistances et les douleurs qui se réveillaient. Puis il l'étendit sur le lit. Voir Wolfgang dans cet état le torturait. Il avait le sentiment que le démon ne l'aimerait plus jamais. Il le coucha de force et pour l'empecher de bouger, il s'allongea sur lui. Il sentait les larmes pointer au bord de ses yeux qu'il ferma.

"Restes là, restes avec moi, Wolfgang, s'il te plait."

C'était une suplique douloureuse, mais il était persuadé que le démon ne comprendrait pas. Il ne comprendrait pas sa douleur, son besoin d'être regardé, touché, ce besoin d'exister aux yeux de son maître... Wolfgang allait-il préférer chercher une autre bouteille plutot que de rester avec lui ? Le blond allait-il seulement remarquer que le jeune homme, la tête sur son épaule, était en train de pleurer ?

Wolfgang se laissa passivement trainer jusqu'au lit, tout en chantant l'ode à la joie... Il fallait chercher profond pour reconnaitre le morceau, mais c'était bien cela qu'il était en train de chanter. Enfin plutot de brailler d'ailleurs...

Quand Cédric s'allongea sur lui, il émit une sorte de rugissement qu'il voulait sensuel, mais qui était plus ridicul qu'autre chose, en plaquant ses mains sur les fesses du jeune homme. Après avoir fait une sorte de petit rire, il lui dit :

-Oh mais vous êtes pressé jeune homme...

Il n'avait même pas remarqué que Cédric était en train de pleurer, il n'était pas en état...

-Vous pouriez demander l'autorisation...

Mais lui qui ne suivait pas ses propres conseils, massait déja avec ardeur les fesses de son esclave.

Finalement, Wolfgang ne quitta pas le lit à la recherche de sa dose d'alcool. Il se mit même à tripoter Cédric... Le jeune homme avait voulu être touché, il était touché mais... C'était vide. Lui ou un autre, Wolfgang aurait fait de même. Cédric savait qu'il n'aurait pas le courrage de repousser le démon si celui ci voulait coucher avec lui, mais il savait que ca ne serait que de la baiser... Il ne serait qu'un corps dont Wolfgang se servirait. Il se rendit alors compte qu'il avait eu de la chanse. La première fois Wolfgang était attentif à lui au moins un peu, il avait eu envie qu'il prenne du plaisir... Là, il ne s'y interresserait pas. Il ne remarquerait pas que même si le corps de Cédric réagissait, son esprit était terriblement blessé. Il se laissa faire, il ne dit rien à son maître qui était en train de malaxer ses fesses... Puis il finit par parler, il dit la seule chose qui comptait à ses yeux, ce fait bien plus important que tout ce que Wolfgang pouvait lui faire subir dans cet état d'ébriété avancée:

"Je t'aime"

Et il ferma les yeux, attendant que Wolfgang décide de la suite des choses... Prèt à être la poupée d'un homme bouré qui était loin, très loin, de ressembler à celui qu'il aimait.

Cédric fut presque soulagé de voir Wolfgang s'endormir. Il soupira et posa un baiser dans son cou. Il sentait que lui aussi avait besoin de dormir, mais il ne voulait pas partir loin de la chaleur de son maître. C'est à ce moment que le vieil homme revint. Sa remarque fit lever la tête à Cédric.

"Il dort, je l'ai juste couché... Avec les moyens de persuasion du bord."

Cet homme était un inconscient, donner autant à boire à Wolfgang... Cédric se laissa rouler sur le côté et l'homme éxamina le démon. Quand il lui dit qu'il devait aussi se reposer, Cédric acquiesca. Oui, il avait besoin et envie de dormir. Il dit d'une voix calme:

"Je vous remercie pour votre hospitalité, monsieur... Et pour le tigre aussi... Vous êtes sûr qu'on peut utiliser le lit ?"

Mais il était tellement épuisé, qu'il se blotit contre le démon, posant sa tête sur son épaule et s'endormis avant d'entendre la réponse...

La voix de Wolfgang ne reveilla pas Cédric, au contraire, elle lui rappela qu'il était là et il se blotit encore un peu plus contre lui. Il ronronnait presque. C'est le baiser qui lui fit reprendre conscience. Un baiser si doux qu'il cru un instant qu'il rêvait encore, mais le démon bougea et Cédric su qu'il devait se reveiller à son tour. Il laissa son esprit emmerger lentement alors qu'il était collé à son amant. Il se souvint de la soirée de la veille et il se remémora la tristesse qui y avait été lié. Pouvait il rester près de cet homme sans être constemment blessé par ses gestes ? Cédric savait pourtant qu'il ne devait pas penser ainsi, ces dernières heures, Wolfgang c'était montré très serviable avec lui, le nourissant, le protégant... Cédric ouvrit les paupières et leva les yeux vers le visage de Wolfgang. Tout doucement, il murmura:

"Bonjour. Bien dormi ? Pas trop la gueule de bois ?"

Cédric regarda Wolfgang quitter les lieux avec un air desespéré et quand le vieil homme entra, il se leva à son tour.

"Le problème", dit il d'un air mauvais, "c'est que vous avez fait boire Wolfgang et qu'il n'aime pas du tout perdre le contrôle de lui même."

Sans un regard de plus vers l'homme qu'il jugeait coupable d'une telle idiotie, il sorti pour se retrouver près de son maître. Il dit alors, d'un ton étrangement colérique - quand on pense que c'est un esclave qui s'adresse à son maître - et bien qu'il sache que le démon allait certainement pas apprécier cela [oulà, ma phrase veut rien dire, je suis désolée]:

"Ce que j'insinue, Wolfgang, c'est que tu avais baptisé la bouteille Marlène et que tu chantais très faux hier soir. Tu ne tiens pas l'alcool, si tu ne veux pas être saoul, surveille ta consommation. La prochaine fois, je ne te forcerais pas à te coucher et tu te réveilleras au milieu des cadavres de bouteilles."

Il reprit son souffle et dévisagea l'homme un instant. Il savait qu'il allait exploser d'un moment à l'autre... Il reprit donc la parole aussitôt:

"Si tu te sens en état, il serait peut être temps de reprendre la route... A moins que tu ais encore plein d'annecdotes à partager avec ton ami..."

Il fit volt face et avanca vers la porte de la cabane. Il attendait les coups avec angoisse, mais ne regrettait pas ses mots.