C'est pas gagné...

Cédric avait assisté impuissant au combat du démon et du tigre et quand il vit Wolfgang s'éffondrer sur le sol, il se posa derrière lui et repris forme humaine sans hésiter avant de le serrer dans ses bras. L'homme tremblait. Cédric murmura alors:

"Vous êtes blessé ?"

Il se doutait que sa réapparition soudaine ne passerait pas inapercue, mais il n'avait pas pu resister. En voyant le blond dans cet état il n'avait eu qu'une envie: le toucher, le serrer contre lui... Et sans même s'en rendre compte, il posa un baiser dans le cou de l'homme.

Il resta ainsi, immobile, attendant la réaction du démon.

Wolfgang n'entendit rien de l'approche de Cédric. Aussi, sentant que quelque chose le touchait, il sursauta. Il sentit ensuite quelqu'un dépposer un baiser dans son cou, il se dégagea alors rapidement de l'étreinte de l'homme. Il avait reconnu cette voix, mais le propriétaire de cette voix était mort... Il se retourna alors très rapidement, et, toujours aussi tremblant, les yeux écarcillés et le front en sueur, il s'ésoigna, en s'aidant de ses mains et de ses pieds, sans quitter l'homme des yeux.

-Cé... Cédric ?! Tu es...

Mort ? Oui, ca il n'y avait pas de doute possible... Même s'il se tenait là en face de lui, le démon borné ne voulait rien savoir, cet homme était mort, point final ! Il n'était pourtant devant ses yeux même pas blessé ! Wolfgang allait perdre la raison, si on ne lui expliquait pas bien vite ce qui se passait.

Machinalement, il se protégea comme il pu avec ses bras, en baissant la tête... On aurait dit un gamin comme cela.

La réaction de Wolfgang surpris Cédric au plus haut point. Il finit pourtant la phrase de l'homme sans vraiment s'en rentre compte:

"... Vivant, oui..."

On aurait dit que le démon avait vu un fantôme... Ah... Bah, oui, il avait vu un fantôme. Et Cédric sentait qu'il allait devoir expliquer... Non, il ne voulait pas lui dire, il ne devait pas... Il sourit doucement en préparant son texte:

"Je n'ai rien, l'oiseau ne m'a pas tué, j'ai réussi à lui échapper. Et je suis retourné là où nous étions, il n'y avait plus que les sacs. Et votre épée aussi. J'ai tout ramener, je les ai posé là bas. Nous pouvons reprendre la route, vous n'aurez pas à recommencer encore une fois. Je suis bien vivant, Wolfgang."

Cédric avait terminé son explication par le prénom du démon pour le faire réagir, mais il avait raconter son histoire sans penser que le blond avait pu le voir tomber... Ce qui aurait pu être logique vu l'endroit où il l'avait cherché... Cédric voulait garder son secret... Il n'avait pas réussi à s'enfuire en voyant l'état de son maître, il savait qu'il resterait quoi qu'il en soit, mais il ne voulait pas que le démon le considère comme un simple esclave...

Parce que lui, ne le considérait pas comme un maître... Non... Voir le tigre attaquer le démon lui avait coupé le souffle, faisant battre son coeur douloureusement vite... Il regardait le blond avec douceur en se demandant à lui même:

*Comment ai-je pu tomber amoureux de ce démon ?*

Cédric se figea. Il l'avait vu tomber ! Il le regarda un moment et il allait répondre, expliquer qu'il pouvait se transformer quand il se rendi compte de quelque chose:

*Il ne me considère déjà pas comme un être humain, alors s'il apprend que je suis un animal...*

Il dit alors d'un ton doux:

"Effectivement, je suis tombé. Mais j'ai survécu. Vous, vous avez expulsé ce tigre contre l'arbre sans même le toucher. Nous avons tous les deux nos secrets. J'aurais pu partir, je suis revenu. Continuons ce voyage, n'est-ce pas la seule raison de ma présence à vos cotés. Que vous importe-t-il de savoir si je peux voler ou amortir tous les coups sans souffrance ? Je ne suis qu'un esclave indigne de vous."

Au fur et à mesure, le ton était monté, il était même devenu aggréssif. Sans attendre la réponse du démon, il lui tourna le dos et alla chercher les sacs qu'il remit tous les deux sur son dos avant de tendre l'épée à son maître. Il voulait repartir et finir ce voyage au plus vite.

Quand il sentit les bras du démon autours de sa taille, Cédric se figea. Son coeur accéléra douloureusement dans sa poitrine. Il avait envie d'embrasser le démon mais il se retint. Il se contenta de passer sa mains dans ses cheveux alors qu'il enfouissait sa tête dans son cou. Les mots du démon le firent trembler de plaisir... Mais peut être avait il seulement eu peur de perdre son esclave. Neanmoins, Cédric répondi doucement:

"Je vous demande pardon. Mais je vous promets que je ne mourais pas aussi facilement..."

Il inspira doucement et demanda alors:

"Ne suis-je qu'un esclave, un humain sans intérêt à vos yeux ?"

Il avait envie de dire à Wolfgang ses sentiments... Mais il craignait qu'il ne se moque de lui, qu'il le rejette... il ne dit donc rien de plus, attendant la réponse du démon...

Wolfgang ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Il voulait que cet homme vive, et ne s'en aille pas, mais en revanche, il ne savait pas pourquoi... Mais il le voulait, c'est tout. Il serra un peu plus le jeune garçon contre lui, appuyant sur sa taille. Il ferma les yeux, et réfléchit. Il était bien, calme, la tête enfouie dans le cou du jeune homme, il se sentait paisible.

Il déposa alors un baiser dans le cou de son jeune esclave, avant de murmurer sur le ton de l'incompréhenssion :

-Je ne sais pas Cédric... Je ne sais pas...

Mais s'il voulait que cet homme reste avec lui... Qui lui disait qu'il n'allait pas s'en aller. D'ailleurs, pourquoi restait il ? La plus part de ses anciens esclaves avaient déja arrivé ici tenté plusieurs fois de s'enfuire. Mais lui non... Pas une seule fois... C'était en tout cas ce que pensait le démon. Encore une fois, il serra le corps du jeune garcon un peu plus contre lui, et d'une voix triste, il lui demanda :

-Et toi pourquoi ?... Pourquoi tu restes...

La réponse ce Wolfgang n'en était pas une, mais elle prouvait qu'il prennait la peine de répondre à sa question, d'y chercher une réponse en tous cas. Mais quand le démon le questionna à son tour, Cédric se senti faiblir. Pouvait-il avouer au démon la raison de sa présence ? Lui dévoiler ses sentiments ? C'était lui offrir une porte pour se moquer de lui, non ? Il dit alors dans un murmure:

"Je me suis posé la question. Quand je vous ai vu me chercher. J'aurais pu partir, rentrer en ville. Vous me croyez mort, vous ne m'auriez pas cherché plus. J'ai envisagé de partir... Je ne pensais d'ailleurs qu'à ça hier quand vous m'avez acheté... Mais aujourd'hui, j'en ai été incapable. Je... je déteste que vous soyez hautain avec moi, que vous me considériez comme un moins que rien. J'ai envie de partir à chaque fois que vous vous énnervez sur moi... Mais je ne suis pas capable de vous laisser... Je crois que si je partais, je serais hanté par l'idée qu'il ait pu vous arriver quelque chose..."

Il se tut, profitant aussi de ce moment de proximité qui se terminerait certainement dès qu'il aurait dit les mots suivants. Il inspira fortement et reprit la parole:

"Je... je crois que je..." *je vous aime.* Il ne put se résoudre à dire ses mots alors il se reprit et sur un ton totalement différent, il reprit:

"Je crois que nous devrions reprendre notre route... maître."

Wolfgang l'embrassa avec tellement de douceur et de tendresse que Cédric ne put retenir ses bras d'enlacer le cou du démon pour le retenir. Il ferma les yeux et répondit au baiser avec tous ses sentiments. C'était un baiser presque désespéré. Et quand leurs lèvres se séparèrent, il murmura sans même s'en rendre compte:

"Je vous aime."

Puis il ouvrit les yeux, terrifié par ce qu'il venait de dire. Bien sur, c'était l'exacte vérité, mais... de là à l'avouer au démon. Il eut un mouvement de recul et bafouilla des mots incompréhensibles en s'excusant du mieux qu'il put. Ses yeux refletaient la peur, l'inquietude... la panique à l'idée qu'il allait être rejeté...

Cédric se figea. Il était incapable de bouger. Ses yeux étaient plantés dans ceux du démon et il ne savait que penser, que dire, que faire. Son "moi aussi" répondait à ses sentiments ? Il cligna des yeux, chassant les larmes d'émoi qui tentaient de l'envahir et il se serra contre l'homme. Il ferma les yeux un instant puis dit dans un murmure:

"Je suis un animorphe, un aigle. Quand il m'a laché, je me suis transformé. Quand le tigre vous a attaqué, je l'ai blessé pour vous prévenir de son arrivée... Je... suis à moitié animal. J'ai déjà voyagé à travers l'île, j'ai déjà été de l'autre côté de l'île... Par les airs."

Il se tut. Il venait de dire tout ce qu'il cachait au démon. Il voulait être sien désormais, lui appartenir... Mais pas en tant qu'esclave... Il s'éccarta du démon et dit doucement:

"Je ne partirais pas. Même si vous décidez de me tuer, je resterais. Toujours."

La réaction du démon laissa Cédric pantois. Il était en colère ? Il lui en voulait ? Biensur... Déjà, aimer un humain ça devait être difficile pour lui alors un animal... Le démon venait de le remettre à sa place. Il senti une larme couler sur son visage avec que le blond se dirigeait vers la rive. Effectivement, il y a avait une rivière pas loin, il l'avait vue du ciel. Il marchait derrière son maître pour ne pas le perdre. Ses yeux étaient brouillés de larmes. Quand ils arrivèrent, sur la rive, il attrapa dans son sac une grande cruche et il se pencha sur l'eau pour la remplire. Comme ça, au moins, il ne voyait le son visage... Mais il resta au bord de l'eau quelques temps après que la cruche soit pleine. Il ne voulait pas lui faire face. Il se releva péniblemement et, tête baissée comme s'il regardait ou il mettait les pieds, il s'approcha de l'endroit où les sacs avaient été posés. Il s'assit sur une pierre et ne dit plus un mot. Il ne pleurait plus, mais il avait un visage triste, désespéré... C'était comme si on venait de lui donner un trésor inestimable pour le lui enlever dans la secondes qui suivait... en fait, c'était bien ce qui s'était passé. Et le trésor, c'était le coeur du démon.

Cédric soupira et alla récolter un peu de bois mort pour allumer un feu - on va dire qu'ils ont des alumettes - et il mit son eau à cuire pendant que le démon se baignait. Il mit des nouilles dans l'eau et attendit ca cuise. Wolfgang sortit de l'eau et retrouna vers la rivière pour... laver son pantalon. Cédric le regarda faire incrédule. Il sorti les pates qui était pretes et les servit dans une assiette, puis il alla au bord de la rivière. Il prit le pantalon et dit timidement:

"Je vais le faire, maître, allez manger, c'est chaud."

Et il s'affaira à frotter le savon qu'il avait pris au passage sur le tissu taché de sang et de terre. Pendant qu'il faisait sagement son travail d'esclave, ses larmes coulaient doucement sur ses joues. Une fois qu'il eut terminé, il alla étendre le vetement entre deux branches et fit de même avec la chemise.

Quand il revint, Wolfgang n'avait presque pas mangé, mais il ne semblait plus en vouloir. Cédric fini rapidement son assiette sans un regard vers son maître puis retourna laver le matériel de cuisson.

Il installa ensuite les duvets près du feu et se tourna vers son maître pour rompre le silence pesant qui reignait entre eux deux:

"Que puis-je faire de plus, maître ?"

Son ton était neutre, détaché. Il parlait comme il avait agit: comme un automate, un esclave soumis et obeïssant. Et il ne regardait toujours pas Wolfgang car ses yeux étaient encore humides de larmes qui ne demandaient qu'à couler. Il n'était rien de plus qu'un animal...

"Si vous voulez, demain matin, j'irais chasser, je peux facilement attrapper des poissons ou des petits animaux..."

Il n'était même plus un oiseau de proie, juste un animal domestique...

Wolfgang avait seché tendrement ses larmes, mais ca ne les empechait pas de vouloir couler à nouveau. Quand Cédric prit sufisemment sur lui pour parler à son maître, il n'eut aucune réponse. Il n'existait même plus aux yeux du démon. Cette évidence le faisait tellement souffrir qu'il avait envie de hurler. Les larmes se mirent à couler sur ses joue sans qu'il ne fasse rien pour les retenir. Voyant le démon grelotter, il fouilla dans le sac pour trouver un pull. Il s'approcha de l'homme et, la vue toujours brouillée [Joueuse: seigneur que c'est pathétique !] il commenca à fermer la chemise puis mit le gilet sur les épaules de son maître. D'une voix éteinte, il murmura:

"Vous devriez vous couvrir..."

Il resta là, assis près de son maître, attendant que celui-ci décide de se coucher. Cédric n'allait pas dormir cette nuit. Comme tout esclave qui se respect... Ou tout animal de compagnie digne de ce nom, il allait veiller. Il fixa le feu, perdu dans ses pensées et il dit très bas:

"Je n'ai pas choisi d'être un animal... moins qu'un homme... une bête..."

Sans un mot, Wolfgang attira Cédric contre lui pour s'endormir à ses côtés. Le jeune homme se souvint du réveil qu'il avait eu le matin même suite aux mêmes gestes. Il sourit doucement. Cette fois, ca ne se passerait peut être pas pareil. Il se blotti contre son maître, heureux de ne pas être rejeté, finalement. Il murmura un "désolé" suivit d'un "bonne nuit" en réponse à celui du démon. Il tenta de veiller pour surveiller le feu, mais résister au sommeil, dans de telles conditions, était impossible. Il finit donc par s'endormir dans les bras du blond.

Il se réveilla plusieurs heures après. Le soleil était en train d'envisager de se lever. Il resta ainsi un petit moment, profitant de la chaleur du duvet et de la proximité du démon. Puis il se leva doucement. Le démon ayant bougé dans la nuit, il ne le tenait plus aussi fermement et Cédric put s'extirper du duvet sans trop de difficulté. Il déposa un baiser sur les lèvres de son maître et raviva le feu avant de se transformer et de prendre son envol.

Une demi heure plus tard, un petit tas de mulots, rats, lapins morts tronait près du feu.

[Wolfy peut se réveiller au moment que tu veux, même au moment du bisou... où en l'absence de Cédric ^^]

Quand Cédric ramena son einième lapin, il décida que c'était assez pour aujourd'hui et repris forme humaine. Il était temps de réveiller le démon vu qu'ils devaient effectuer ce voyage, tout de même. Cédric se tourna alors vers le duvet mais il semblait vide. Il se dit que son maître devait être allé se laver, mais la rivière était vide... Peut être était-il là ou le roi va à pied [j'aime cette expression ^^]. Ne se posant pas plus de question, Cédric alla chercher un peu d'eau et commenca à faire cuire deux lapins et un mulot. Il coupa quelques tomates comme accompagnement et surveilla le feu.

Ne voyant pas le démon revenir, il commenca à s'inquieter... surtout quand il remarqua que son épée était toujours là. Il commenca donc à crier le prénom de son maître dans l'espoir que celui-ci l'entende et lui réponde...

Cédric sursauta quand Wolfgang se leva. Alors, il était dans le duvet... On aurait dit que celui ci était vide, pourtant. Cédric se ressaisit et dévisagea son maître avant... d'exploser de rire. Il reprit peu à peu son calme et dit, halletant:

"Désolé... je... le repas est prêt."

Il contourna le feu et vint passer ses bras autour du cou du démon avant de poser un baiser sur sa joue:

"Je ne vous demande pas si vous avez bien dormi, ça semble une évidence... Par contre, vous devriez passer un coup de peigne dans vos cheveux, ils sont quelque peu indisciplinés."