En avant !

Rochiel sentit soudain Kaiji le prendre entre ses bras, se collant affectueusement à lui dans un geste qui se voulait sûrement réconfortant. Très touché, le jeune homme y enfouit son visage et soupira. C’était vraiment agréable, sans parler du réconfort moral que cela lui apportait. Il n’aurait plus jamais voulu quitter cette douce chaleur enveloppante.

"Je ne vous verrais jamais comme un monstre. Parce que vous n'en êtes pas un. Vous êtes juste différent."

Ces mots lui firent un bien fou et soulagèrent son cœur d’un poids énorme. Ainsi Kaiji ne le voyait pas différemment, son regard n’avait pas changé… Cela ému Rochiel qui se pressa un peu plus contre son ami, agrippant soudain sa chemise pour mieux se rapprocher. Ce contact physique avait quelque chose de rassurant et de bénéfique qui calmait son angoisse.

« Merci Kaiji… Merci. » dit-il, légèrement ému.

Il sentit le jeune homme se pencher sur lui, enfouir son visage dans ses cheveux tandis que ses doigts s’enfonçaient dans sa chevelure pour jouer avec ses mèches folles.
Et c’est alors que Kaiji se mit très doucement à chanter : c’était très fin, très doux, presque inaudible… Mais Rochiel l’entendait, et comme si cette chanson lui était spécialement destinée, elle le toucha énormément. Kaiji avait une belle voix, une voix qui apaisait et ravivait la lueur d’espoir en chacun de nous. Cela berçait littéralement Rochiel qui ferma un instant les yeux, blotti contre son ami. Il aurait voulu que cet instant ne finisse jamais…
Kaiji fournissait vraiment des efforts considérables pour sortir Rochiel de ses sombres pensées et cela le touchait. Il sourit tout contre le jeune homme : il avait vraiment gagné un ami avec Kaiji… Un véritable ami.
Rochiel se sentit beaucoup mieux, surtout depuis qu’il savait que Kaiji n’avait pas changé de regard sur lui, et il se sépara de son esclave après quelques minutes apaisantes, une fois la chanson terminée.
Il se redressa et regarda Kaiji dans les yeux tout en souriant chaleureusement.
Il posa sa main sur son épaule et la serra affectueusement.

« Merci… mon ami. »

Il se pencha et prit sa main pour déposer sur sa paume ouverte un baiser.

« Tu as une voix magnifique… » murmura-t-il. « Je t’aurais bien accompagné en ronronnant… »

Il releva son visage et rit doucement tout en regardant Kaiji, une nouvelle lueur dans ses yeux.
Le jeune homme était si beau à cet instant-là : le feu qui crépitait doucement derrière eux faisait jouer des reflets dorés sur sa peau et jouait avec ces yeux magnifiques, ses cheveux d’un noir si profond se mariaient parfaitement à la nuit qui les entourait… Rochiel avait l’impression d’avoir une vision devant lui, et sans se rendre compte de ce qu’il faisait, poussé par un instinct inné et incontrôlable, il se rapprocha du visage de Kaiji et déposa très doucement ses lèvres sur les siennes…

Il s'écarta aussitôt, la peur dans les yeux.

"Pardon... Je n'ai pas le droit... Pas aprés hier..."

Lorsque Kaiji eut fini de chanter, son maître était resté un moment contre lui avant de se redresser. Il lui souriait et cela fit grandement plaisir au brun qui se félicita intérieurement d'avoir été pour quelque chose dans la nouvelle bonne humeur du blond.

« Merci… mon ami. »

L'esclave se sentit flatté par cette appelation. Cela le toucha bien plus qu'il ne le montrait et si cela ne tenait qu'à lui, il aurait sûrement fondu en larmes. Les larmes disparurent de son esprit et furent remplacées par le violent rougissement de ses joues quand Rochiel déposa un baiser dans le creux de sa paume.

« Tu as une voix magnifique… Je t’aurais bien accompagné en ronronnant… »

"Merci..." répondit-il avec un sourire amusé.

Pendant un instant, son maître parut ailleurs. Comme s'il était subjugué par quelque chose. Son coeur faillit rater un battement lorsqu'il s'aperçut qu'il avançait son visage vers le sien. Avant même qu'il ait pu faire quoi que se soit, les lèvres de Rochiel se pressaient doucement sur les siennes. Même si la peur s'emparait de lui, il y avait autre chose qui l'incita à ne pas le repousser. Pourtant, le blond s'écarta de lui comme s'il s'était brûlé à son contact.

"Pardon... Je n'ai pas le droit... Pas aprés hier..."

Kaiji paraissait paralysé. Ses paupières papillonnèrent puis ses yeux sombres s'agrandirent. Il porta lentement la main à ses lèvres puis fixa un moment ses doigts, comme hébété. Il leva enfin le regard sur son maître, les yeux emplis de larmes.

"Je croyais que..."

Les mots moururent dans sa gorge. Dans ses yeux se lisait la plus pure incompréhension. L'esclave cacha son visage derrière ses mains, les épaules secouées de sanglots. Il avait tellement de mal à croire qu'une telle chose se soit produite. Il avait une telle confiance en son maître. Il fallait d'abord qu'il se calme. Ses larmes cessèrent brusquement et il fit un sourire d'excuse à Rochiel.

"Pardon..."

Kaiji demandait pardon parce qu'il pensait avoir mal réagi. Après tout, le blond s'était rendu compte de son erreur et s'était excusé. Il ne lui avait fait aucun mal. Maintenant, il se sentait terriblement gêné et n'osait pas trop bouger. Une idée stupide germa dans son esprit déboussolé. Comme pour démontrer que cela ne l'affectait pas plus que cela, le brun pressa à son tour ses lèvres sur celles de Rochiel. Pourtant, il luttait contre les souvenirs de la veille et son corps frêle en tremblait.

Rochiel se sentait très mal : non seulement, lui qui avait promis de veiller sur Kaiji enfreignait de lui-même les règles, mais en plus il semblait avoir troublé le jeune homme qui écarquilla les yeux. En un rien de temps, ceux-ci s’emplirent de larmes et Rochiel se sentait vraiment mal à l’aise, son cœur se serrant étrangement, prêt à exploser sous le remords…

"Je croyais que..."

Kaiji semblait complètement perdu et en même temps affolé : il blottit son visage dans ses mains pour pleurer et Rochiel n’osa pas poser sa main sur son épaule pour calmer ses sanglots. Il se sentait tellement misérable d’avoir bouleversé Kaiji à ce point-là ! Dire que Kaiji lui avait fait confiance, et lui, comme un abruti, il avait cédé à la première impulsion qui lui était venue… il était vraiment minable !
Les sanglots de Kaiji lui brisaient le cœur et le pire, c’est que Rochiel ne savait pas comment les arrêter…

« Je… Je suis désolé Kaiji… S’il te plaît, ne pleure pas… »

Il était tellement désemparé face aux larmes des autres, surtout celles de Kaiji… Mais l’esclave cessa soudain de pleurer et essaya de lui sourire en redressant son visage. Le cœur de Rochiel s’emplit d’un maigre espoir : peut-être que Kaiji consentirait à oublier son erreur… ? Peut-être pourraient-ils effacer de leur mémoire ce fâcheux événement.
Voyant que Kaiji était gêné, Rochiel voulut dire quelque chose pour détendre l’atmosphère mais le brun le prit de vitesse et sans prévenir, il rapprocha son visage et s’empara des lèvres de Rochiel pour un nouveau baiser.
Mais un baiser froid, qui n’avait rien de la chaleur de l’impulsion de Rochiel, un baiser forcé qui regrettait déjà son geste…
Rochiel sentit avec horreur Kaiji se mettre à trembler contre lui et il posa ses mains sur ses épaules pour l’éloigner de lui, un peu brutalement.

« Non Kaiji !!! » hurla-t-il, conscient que pas d’entre eux ne voulait réellement ça. « Arrête, tu n’es pas obligé ! »

Il lui lança un regard autoritaire où s’affichait un net interdit de recommencer ce genre de choses. Il soupira en essayant de ramener Kaiji à la raison.

« Je suis désolé, je n’aurais pas dû… Mais tu n’as pas à répondre à mes folies Kaiji. J’ai été trop loin mais tu n’as pas à me suivre… Je suis vraiment désolé… Je ne suis qu’un idiot…»

Et en plus de ça, il ne pouvait s’empêcher d’avoir envie de serrer le pauvre jeune homme dans ses bras, ce dernier étant plus beau de minutes en minutes à ses yeux. Furieux contre lui-même, il s’éloigna de Kaiji et partit de l’autre côté du feu, loin de son ami pour lui éviter d’avoir à subir ses pulsions incontrôlables. Il se recroquevilla sur lui-même, observant calmement Kaiji de l’autre côté du feu, essayant de se contrôler et se maudissant pour son incapacité à tenir ses promesses.
Il était tellement énervé contre lui-même qu’il enrageait sur place, et finalement, incapable de contenir sa colère, il se leva rapidement et s’éloigna en direction des hautes herbes.

« Je vais surveiller les alentours ! » cria-t-il à l’intention de Kaiji avant de reprendre sa forme animale pour avoir moins d’ennuis…

Il disparu rapidement entre les hautes herbes, s’y glissant sans problème.

« Non Kaiji !!! Arrête, tu n’es pas obligé ! »

Rochiel venait de l'éloigner de lui. Fermement. Il le fixait à présent avec un regard si sévère. Kaiji s'en voulait vraiment et n'avait jamais souhaiter que son maître soit en colère. Pourtant la réaction de ce dernier avait de quoi le surprendre. On l'avait toujours forcé à faire ce qu'il n'aimait ou ce qu'il n'avait pas envie de faire. Le blond était si différent des autres.

« Je suis désolé, je n’aurais pas dû… Mais tu n’as pas à répondre à mes folies Kaiji. J’ai été trop loin mais tu n’as pas à me suivre… Je suis vraiment désolé… Je ne suis qu’un idiot…»

Rochiel s'écarta de lui et s'installa de l'autre côté des flammes. Il le fixait sans un mot et cela gênait beaucoup l'esclave qui, complètement désarçonné, ne savait plus ni quoi dire ni quoi faire. Au bout d'un très long moment, son maître se leva et se dirigea vers les hautes herbes. Le brun s'était levé comme pour le rattraper.

« Je vais surveiller les alentours ! »

Kaiji resta cloué sur place. A présent, il en était convaincu, son maître devait le détester. Et il ne savait pas comment se faire pardonner. Il se laissa doucement glisser sur le sol poussiéreux. Son coeur se serra à l'idée que le blond ne revienne pas. Les pires scénarios lui traversaient l'esprit. Il sanglota un moment avant de se calmer lentement. L'esclave regarda autour de lui et vit le feu, la nuit qui l'enveloppait, les sacs et la couverture restés là où ils étaient. Reprenant un peu espoir de se faire pardonner, il se leva et rangea les bandages qu'il n'avait pas utilisé. Ensuite, il fouilla dans son sac et en sortit quelques vivres. Il y avait également dans une poche, un long couteau de cuisine.

S'installant auprès du feu afin d'avoir de la lumière, il commença à couper les morceaux de viandes, les posant sur un bout de tissu propre. Il s'atelait avec ardeur à la tâche, si bien qu'à force il finit par se couper la main. Il ne s'en soucia pas vraiment et continua jusqu'à ce que les morceaux de viandes soient tous coupés. Ensuite il se remit sur ses pieds et chercha de quoi les embrocher. Quand cela fut fait, il cala ses brochettes entre les petits rochers qui maintenaient le feu dans une certaine limite et attendit sagement que Rochiel revienne. Il se dit que s'il était plus présentable cela pourrait l'aider. Il se recoiffa comme il put, arrangea ses vêtements et installa une couverture près du feu, faisant de son mieux pour que le campement soit accueillant au retour du blond. Et il patienta, le coeur battant.

Rochiel s’était rapidement éloigné sous sa forme animale. Il avait encore en mémoire les pleurs douloureux de Kaiji et cela lui faisait tellement mal qu’il ne désirait qu’une chose : s’éloigner au plus vite du jeune homme pour essayer de se calmer.
Le léopard se glissa entre les grandes herbes, avançant à pas de velours. Il s’arrêta quelques mètres plus loin, huma l’air, et comme tout paraissait normal, aucune odeur suspecte ne traînait dans le vent, il se détendit et reprit sa marche plus tranquillement. Il arriva enfin dans un endroit de la plaine où les herbes se faisaient plus denses et, soupirant légèrement, il se coucha en plein milieu, se réfugiant dans ce petit coin perdu végétal, dissimulé dans les herbes. Il leva ses yeux félins au ciel, admirant les étoiles qui y brillaient doucement. Elles étaient heureuses là-haut, elles ne souffraient pas des maux humains…
L’animal soupira une nouvelle fois, son flanc s’abaissant rapidement.
Rochiel s’en voulait terriblement : il avait fait pleurer Kaiji, alors qu’il lui avait promis qu’il veillerait à son bonheur. Pour une première journée de voyage, il avait vraiment accumulé les bêtises !
Mais il ne pouvait pas s’empêcher de trouver le jeune homme beau et attirant… Dire qu’au début, c’était lui qui fuyait ses baisers… Maintenant, c’était l’inverse : il en avait envie. Mais le jeune homme avait été violé… Et cela avait totalement bouleversé leur relation. Rochiel culpabilisait et voulait à tout prix réparer sa faute en protégeant Kaiji… Il avait encore du mal à croire qu’il ait cédé à la tentation.
Il se coula entre les herbes, laissant aller son corps. Il se sentait tellement mal… Vis-à-vis de Kaiji et de lui-même.
Il voulait protéger le jeune homme, et il ne pouvait s’empêcher de le désirer.
Il se rappela de la réaction violente qu’avait eu Kaiji lorsqu’il l’avait embrassé, et il ferma les yeux, troublé. Pourtant, lui avait adoré le contact des lèvres douces du jeune homme… Il mourrait même d’envie de recommencer…
Il se sentit soudain nauséeux et il porta la main à son front. Sa blessure l’élançait, s’il continuait comme cela, il allait avoir de la fièvre. Il fallait qu’il retourne prés du feu…
Il se releva lentement et reprit le chemin du retour… Ses pensées se bousculaient toujours en lui et il avançait difficilement, redoutant le moment où il allait devoir faire face à Kaiji…
Lorsqu’il arriva au camp, Kaiji avait tout préparé pour l’accueillir, et avait même préparé un repas alléchant… Rochiel se sentit misérable de l’avoir abandonné, et il reprit vite sa forme humaine. Il resta debout devant le feu et lança un regard timide à Kaiji… Il fallait qu’il mette à plat la situation immédiatement, sinon cela risquait d’empirer.

« Ecoute Kaiji, je suis désolé pour tout à l’heure, cela ne se reproduira plus… Seulement si tu le veux. Je ne ferai jamais rien contre ta volonté. Je… Je t’apprécie beaucoup, ne m’en veux pas s’il te plaît… »

Il s’assit lourdement devant le feu et approcha ses mains pour se réchauffer. Il regarda le repas griller et sourit timidement à Kaiji.

« ça a l’air délicieux ! »

Kaiji attendait que son maître revienne. Il patientait avec appréhension. Et si Rochiel était toujours en colère ? Et s'il ne voulait plus de lui ? Tant de questions se bousculaient dans son esprit.Au bout d'un moment, qui lui sembla avoir été toute la nuit, les hautes herbes bougèrent et un léopard en émergea doucement. Le blond reprit son apparence humaine et resta un moment sans bouger, devant le feu à le fixer presque timidement et l'espoir naquit dans le coeur du brun.

« Ecoute Kaiji, je suis désolé pour tout à l’heure, cela ne se reproduira plus… Seulement si tu le veux. Je ne ferai jamais rien contre ta volonté. Je… Je t’apprécie beaucoup, ne m’en veux pas s’il te plaît… »

L'esclave n'en croyait pas ses oreilles. Rochiel s'excusait ? Il était pourtant si sûr d'être fautif. Son coeur se gonfla de joie non seulement parce que son maître ne lui en voulait pas mais aussi parce que ce dernier le traitait différemment des autres. On l'avait toujours considéré comme un objet et à force de se l'entendre dire, il avait fini par le penser aussi. Mais contrairement à tous ceux qu'il avait connu, Rochiel le traitait comme un humain et se préoccupait de ses sentiments et de son bien-être, ce qui lui plaisait évidemment mais qui le déroutait quelque peu car il n'était pas habitué à ce qu'on le traite ainsi. Le blond s'assit devant le feu et lui sourit.

« ça a l’air délicieux ! »

Kaiji lui rendit son sourire et refoula au mieux les larmes qui perlaient déjà au coin de ses yeux sombres. Il se leva de sa place et s'installa à côté de son maître, le coeur battant. Il se maudissait déjà pour la bêtise qu'il allait faire mais c'était plus fort que lui et surtout, il n'avait pas d'autre moyen. On lui avait appris à remercier de cette façon et puis, au fond de lui, il sentait que les mots ne suffiraient jamais pour exprimer l'importance de sa gratitude.

« Merci... »

Il posa ses mains sur les cuisses du blond et, les yeux clos, il pressa tendrement ses lèvres sur celles de Rochiel. Cette fois, il ne s'agissait plus d'un baiser forcé et dégoûté, mais un baiser qui tentait de faire passer toute la joie qu'il pouvait éprouver à cet instant. Seulement avant même qu'il ne songe à ce qu'il faisait, trop emporté dans son élan, entrouvant légèrement ses lèvres, sa langue vint doucement caresser la bouche de son maître. Les gestes devenus mécaniques à force d'être répétés sans cesse avec tous ces clients prenaient à présent une toute autre ampleur et ce fut avec une pointe d'hésitation que ses bras se nouèrent autour du cou de Rochiel.

Rochiel s’était assis et regardait pensivement le feu, priant intérieurement pour que Kaiji ne lui en veuille pas et oublie rapidement ce qui s’était passé. En relevant les yeux furtivement sur le jeune homme, il cru apercevoir ses yeux brillants de larmes et il baissa rapidement la tête, se sentant honteux de faire pleurer Kaiji. Etait-il donc si peu fiable de parole pour se laisser aller à ce point-là ? Si seulement il n’avait pas succombé à la tentation, ils n’en seraient pas là et ils partageraient le repas en toute amitié autour du feu…
Avec surprise, Rochiel vit soudain Kaiji se lever et venir s’asseoir à côté de lui, sans aucune peur. Très étonné de ce changement, il l’apprécia à son plus haut degré. Sentir Kaiji contre lui lui suffisait et même si cela le torturait de ne pas pouvoir le toucher plus qu’il ne le voulait réellement, il s’en contenterait.

« Merci... »

Rochiel sourit doucement, très touché par ce simple mot. Si Kaiji lui pardonnait, alors lui aussi pourrait le faire pour lui-même… Tout ce qu’il voulait, c’était être en harmonie avec le jeune homme : cela serait profitable à leur voyage, et puis au fond de lui, perdre l’amitié de Kaiji le blesserait profondément. Il appréciait trop le jeune homme pour cela…
Une main se posa sur ses cuisses et, surpris, Rochiel releva son visage vers Kaiji, se demandant ce qu’il lui prenait alors que le jeune homme avait semble-t-il refusé son contact un peu plus tôt. Il vit soudain le visage de Kaiji se rapprocher du sien et comme dans un rêve, ses lèvres se posèrent sur les siennes, très tendrement. C’était tellement doux que Rochiel se laissa aller pendant un instant, fermant les yeux de bonheur.
La langue de Kaiji vint même se poser à l’entrée de ses lèvres, quémandant sensuellement l’entrée, et les bras du jeune homme entourèrent son cou. Rochiel n’arrivait pas à y croire : tout ce qu’il voulait depuis tout à l’heure, son plus cher désir, celui de sentir le corps de Kaiji contre le sien se réalisait ! Ses lèvres étaient tellement douces, soyeuses sur les siennes, taquines en même temps… Avec ce petit goût sucré…
La raison de Rochiel revint brutalement à la charge et le jeune homme posa ses mains sur les épaules de Kaiji, le repoussant légèrement. Il reprit son souffle et le regarda droit dans les yeux :

« Kaiji… Tu es sûr de ce que tu fais… ? »

Mais quand il vit la détermination et la douceur amusé dans les yeux de l’esclave, toutes ses questions s’envolèrent et il s’empara à son tour des lèvres de Kaiji dans un baiser plus exigeant mais tout aussi doux. Cette fois-ci, ses lèvres s’entrouvrirent pour aller chercher la langue de Kaiji. Ses bras entourèrent la taille fine de Kaiji et l’attirèrent contre lui : l’une de ses mains s’attarda sur ses reins tandis que l’autre remontait sur sa nuque…
Le baiser de Rochiel se fit gourmand et exigeant, doux mais ferme… Il désirait tellement Kaiji…
Lorsqu’ils se séparèrent, ils étaient à bout de souffle tous les deux, et le cœur serré par l’émotion, incapable de parler, Rochiel passa son bras sous les jambes de Kaiji et le souleva pour le poser sur ses propres jambes étendues par terre, supportant sans problème le poids plume de Kaiji, avant de le serrer avec force contre lui… Il attira la tête de Kaiji contre sa poitrine et enfouit son visage dans ses cheveux bruns foncé, respirant à pleins poumons l’odeur du jeune homme…
Il était vraiment bien là, Kaiji dans ses bras, le feu non loin qui les réchauffait tous deux. Il serait resté pendant des heures…

« Restons comme cela quelques minutes, d'accord...? Je me sens si bien... » murmura doucement Rochiel, le nez toujours plongé dans les cheveux de son esclave.

Kaiji avait peur que Rochiel ne le repousse. Pourtant ce ne fut pas le cas, pas immédiatement en tout cas. Il avait peur de mal faire mais c'était la seule façon qu'il connaissait. Les mains de son maître se posèrent sur ses épaules et il l'écarta doucement de lui. Son regard ne semblait pas le fusiller ce qui était déjà un bon début.

« Kaiji… Tu es sûr de ce que tu fais… ? »

Evidemment qu'il était sûr ! Il l'avait fait simplement pour le remercier et puis parce qu'au fond, il en avait. Le blond sembla oublier toutes les questions qu'il se posait et happa ses lèvres avec douceur et fougue mêlées. Il accueillit la langue qui venait taquiner la sienne, les jumelles entamant un ballet exquis, et ses bras retrouvèrent leur place autour du cou de Rochiel. Un léger frisson, irrépréssible, parcourut l'échine de l'esclave lorsqu'il se sentit enlacé. Sa raison, ses doutes et ses craintes fondirent comme neige au soleil lors de cet échange si différent de tous ceux qu'il avait connu. Une étreinte à la fois tendre et impétueuse. Il était si bien là, serré contre ce corps puissant, cette embrace lui conférant une impression de sécurité. Le souffle vint à leur manquer et ils durent se séparer, à contrecoeur pour Kaiji. Avant même qu'il n'ait pu dire ou faire quoi que se soit, Rochiel l'avait soulevé puis posé sur ses jambes. Il se laissa étreindre et se lova contre le torse de son maître.

« Restons comme cela quelques minutes, d'accord...? Je me sens si bien... »

Kaiji soupira d'aise.

« D'accord... » murmura-t-il.

Il se bouina un peu contre la poitrine si chaude de Rochiel et son oreille vint se coller à l'endroit où battait son coeur. Il écouta attentivement cette étrange mélodie, les yeux clos. Il cessa un instant de penser, se laissant uniquement vivre par ses sens, imprégnant sa mémoire de tout ce qu'il pouvait: la chaleur du feu et celle dégagée par le blond, les tambourinements désordonnés de son coeur et ceux presque semblables de celui de son maître, la senteur discrète qui émanait de la peau de Rochiel, le contact doux de la peau du blond contre sa joue. Depuis le décès brutal de son père, il avait rêvé d'un tel instant, priant les Cieux pour qu'on lui offre au moins quelques instants de bonheur. Les yeux rivés sur les flammes, il ne se rendit pas compte qu'il se mettait à parler.

« Vous êtes si gentil... C'est la première fois que quelqu'un me traite comme un humain et pas comme une poupée... J'aurais voulu vous rencontrer plus tôt... Mais en même temps, si Mère ne m'avait pas utilisé, peut-être qu'on ne se serait jamais croisé... »

Les mots venaient comme ça. Son regard devint flou tandis qu'il se rappelait. Il avait tellement besoin d'en parler.

« Père est mot quand j'étais petit... Les revenus étaient principalement ceux du dojo qu'il tenait. Mère l'a vendu et nous avons pu tenir quelques mois. Je voyais Mère aller de plus en plus mal de jour en jour, accablée par le chagrin... J'étais tout ce qu'il lui restait alors j'ai fait quelques boulots mais j'étais trop jeune. L'année de mes onze ans, Mère était vraiment trop malade et nous n'avions pas d'argent pour payer un médecin et encore moins les médicaments... »

Kaiji s'arrêta un instant, sa gorge se serrant au douloureux souvenir de cette horrible première nuit.

« Mère m'a demandé de faire quelque chose pour elle. Elle était ma seule famille, j'étais prêt à tout pour elle... Alors Mère m'a expliqué qu'elle m'avait vendu à un homme qui était prêt à payer très cher. Elle m'a dit que c'était juste pour une nuit... Mais elle mentait... Il y a eu d'autres nuits, d'autres clients et elle s'est enrichie sur mon dos. Je ne pouvais rien dire, Père avait dit dans son testament que je serais sous sa garde jusqu'à ce qu'elle me juge apte à vivre seul... Finalement, elle m'a vendu à un marchand d'esclaves... Et je vous ai rencontré... »

Sa voix se brisa alors que ses yeux s'embuaient. Il s'aggripa à Rochiel comme s'il avait peur de le voir s'évaporer sous ses yeux. Son regard se leva vers son maître, un regard suppliant. Les larmes roulèrent sur ses joues pâles alors que les sanglots qui étreignaient sa gorge l'empêchaient de poduire le moindre son. Il avait enfin avoué son lourd secret à Rochiel, cette souillure qui faisait partie de lui. Ses peurs avaient refait surface et il craignait plus que tout d'être rejeté parce qu'il n'était pas un ange de pureté et d'innoncence tel qu'il se l'imaginait.

Kaiji accepta de rester contre lui et Rochiel soupira, heureux. Il le sentit se pelotonner contre lui et il le serra un peu plus tendrement, sans lui faire mal. Juste le besoin vital de le sentir contre lui, d’être sûr que ce n’était pas un rêve… Ce corps chaud et vivant entre ses bras, ce petit corps qu’il avait envie de chérir et de choyer… Qu’il ne voulait plus lâcher… C’était un peu irréel mais tellement bon.
Rochiel n’avait jamais ressenti cet affolement de son cœur, ce tambourinement chaque fois qu’il croisait les yeux de Kaiji, avec personne. Du reste, personne n’avait jamais été aussi gentil ni tolérant avec lui que son esclave… Son père l’ignorait, ses demi-frères passaient leur temps à l’ennuyer, et sa belle-mère le détestait. Ses professeurs ne lui avaient jamais témoigné une quelconque tendresse, et il avait toujours vécu le cœur froid et vide, avec l’espoir stupide qu’un jour peut-être, son père le prendrait dans ses bras et lui dirait qu’il l’aimait, comme un père aime son fils…
Mais personne n’avait jamais fait ça pour lui… Et aujourd’hui, voilà que c’était à lui de remplir ce rôle avec Kaiji. C’était à lui de prendre quelqu’un dans ses bras pour lui dire qu’il… Qu’il l’appréciait pour l’instant, parce que Rochiel n’était pas encore véritablement sûr de ses sentiments envers le jeune homme. Mais il l’appréciait beaucoup. Et c’était étrange cette manière qu’il avait de trouver les bons gestes alors que personne ne les avait eu pour lui… Instinctif presque…
Kaiji se mit soudain à parler et devant ses révélations dites d’un ton hésitant et ému, Rochiel ferma les yeux et enfonça un peu plus son visage dans les cheveux de Kaiji…
Il avait vécu toutes ces horreurs… Il avait dû vendre son corps pour subvenir aux besoins d’une mère égoïste. Méritait-elle encore d’être considérée comme une mère après ça ?
Troublé, choqué et profondément ému par les révélations de Kaiji, Rochiel resserra son petit corps frêle contre lui. Il sentit qu’il s’agrippait à lui et lorsqu’il leva ses yeux embués de larmes sur lui, Rochiel déglutit difficilement, touché.
Sa main monta jusqu’au visage de Kaiji et caressa tendrement sa joue, s’attardant sur cette peau si douce et si pâle, essuyant les larmes qui coulaient. Il eut un triste sourire qui se voulait réconfortant, mais qui montrait bien combien il était ému.

« Je ne peux pas réparer ce qui a été fait dans le passé, mais crois-moi que si cela était possible, j’aurais tout fait pour te rencontrer avant et pour t’aider Kaiji… Mais maintenant, je suis là, et je te jure que quoiqu’il arrive, tu seras heureux désormais… Tu es quelqu’un de bien Kaiji, et moi, je veux ton bonheur. »

Il avait dit cela d’un ton doux mais fermement décidé. Il se pencha et déposa un tendre baiser sur le front de Kaiji, sa main continuant à caresser sa joue. Son autre main se resserra sur la taille du jeune homme, le serrant contre lui avec plus de force, comme pour affirmer ses dires.

« Plus personne ne te touchera jamais, je te le jure. S’il le faut, je me transformerai en fauve enragé pour ça… »

Puis ses lèvres remontèrent et déposèrent de petits baisers dans les cheveux soyeux de Kaiji, sa main remontant pour venir se poser dans ses cheveux et l’attirer contre lui.

« Je n’ai jamais reçu d’amour, même dans ma famille, mais je saurai t’en donner, je te le promet… Juste à toi… Juste pour que tu continues de sourire… »

Lentement, son bras partit récupérer une couverture et il la déposa sur leurs deux corps emmêlés, les recouvrant chaudement. Il continua de garder Kaiji serré contre lui, pour quelques minutes.
Ils prendraient leur repas après, puis se coucheraient sûrement, mais pour l’instant, Rochiel ne pouvait pas lâcher Kaiji…. Pas après ses révélations. Le jeune homme avait besoin de réconfort et lui avait juste besoin de l’avoir contre lui….

L'étreinte de Rochiel se resserra sur lui et cela ne le rassura que plus. Il avait surtout peur d'être rejeté comme tant d'autres l'avaient fait avant lui. Pourtant ce qu'il fit n'avait rien d'un rejet et cela soulagea encore plus l'esclave. Il apprécia la douce caresse sur sa joue et visiblement, son maître semblait être ému par son histoire. Le sourire qu'il lui offrit était certes triste mais ô combien important aux yeux du jeune homme.

« Je ne peux pas réparer ce qui a été fait dans le passé, mais crois-moi que si cela était possible, j’aurais tout fait pour te rencontrer avant et pour t’aider Kaiji… Mais maintenant, je suis là, et je te jure que quoiqu’il arrive, tu seras heureux désormais… Tu es quelqu’un de bien Kaiji, et moi, je veux ton bonheur. »

Le blond paraissait si sincère que cela toucha profondément le brun qui sentit son coeur se gonfler à l'idée qu'il puisse partager un bonheur qu'il désirait tant en compagnie de Rochiel. Il y avait tellement de tendresse dans le simple baiser qu'il posa sur son front, une tendresse dont il avait tant eu besoin, qu'il faillit éclater en sanglots. L'embrace du blond se referma un peu plus sur lui, comme pour lui affirmer qu'il ne le laisserait pas.

« Plus personne ne te touchera jamais, je te le jure. S’il le faut, je me transformerai en fauve enragé pour ça… »

Kaiji ferma les yeux, cherchant à endiguer le flot de larmes qui menaçait à nouveau. Jamais personne ne s'était autant inquiété pour lui, jamais personne n'avait fait preuve d'autant de douceur et d'affection. Il laissa Rochiel parsemer de doux baisers dans sa chevelure et s'abandonna contre lui lorsqu'il l'attira tout contre lui.

« Je n’ai jamais reçu d’amour, même dans ma famille, mais je saurai t’en donner, je te le promet… Juste à toi… Juste pour que tu continues de sourire… »

L'esclave se souvenait parfaitement de cette femme odieuse, des sales demi-frères de son maître et du père de ce dernier. Ils s'étaient tous montrés si durs et froids avec lui. Le destin avait voulu qu'ils grandissent tous deux sans la moindre once d'amour. Pourtant, ils avaient gardé espoir et leurs routes s'étaient croisées. Il se fit la promesse muette de toujours rendre l'affection que lui portait Rochiel. Il ne bougea pas lorsque Rochiel déposa la couverture sur eux, se contentant de se lover un peu plus contre lui. C'était si agréable de se sentir ainsi, en sécurité dans une étreinte pleine de chaleur et de douceur. Toujours les yeux clos, il se redressa lentement et nicha son visage au creux du cou de son maître, ne souhaitant plus respirer que son odeur, si discrète et pourtant si entêtante. Une odeur à la fois cuivrée et muscée. Il n'arrivait pas vraiment à la définir mais elle lui était nécessaire pour se calmer.

« Merci... Merci de tout mon coeur... » murmura-t-il, pris dans une douce torpeur, enveloppé dans un cocon de chaleur qu'il n'aurait voulu quitter pour rien au monde.

Kaiji n’avait pas bougé entre ses bras mais Rochiel pouvait sentir les légers tremblements qui le prenaient parfois, signes évidents d’une émotion particulière. Cela le troublait : son discours gênait-il le jeune homme ? Il aurait pu aisément le comprendre : lui-même se trouvait bizarre.
Jamais il n’avait tenu pareil discours, jamais il n’avait eu pareils sentiments… Il avait tellement envie que Kaiji soit heureux, juste cela pour satisfaire son propre cœur. Le malheur de son esclave l’avait ému et touché, il s’était senti coupable sans même comprendre pourquoi. Après tout, ce n’était pas lui qui avait blessé Kaiji jusqu’au fond de son âme.
Oui, mais il n’avait pas été là pour le protéger à ce moment-là, et rien que pour cela, alors que c’était totalement illogique, l’animorphe s’en voulait.
Et dans cette violence de sentiments qui étreignait son cœur, Rochiel ne se reconnaissait pas… Où était le jeune homme d’ordinaire si froid et réservé ? Où était celui qui ne rêvait que du regard de son père posé sur lui avec fierté ? Maintenant, à la place de son père, il voyait Kaiji, et cela le troublait profondément. Faisait-il un simple transfert parce que le brun avait été le premier à voir enfin qui il était et à montrer un peu d’attention à son égard ? Ou bien était-ce autre chose, quelque chose que le blond avait encore du mal à cerner et qui le laissait hésitant et incertain… ?
Tout à ses pensées, il sentit soudain Kaiji venir blottir son visage dans son cou, sa peau frotter doucement contre la sienne, et ce simple geste chassa tous ses doutes et ses troubles. Rochiel soupira, apaisé, et ferma doucement les yeux, se sentant merveilleusement bien ainsi. Il n’avait pas besoin de plus. Le souffle du jeune homme sur sa peau, ses cheveux qui cascadaient dans son cou et le chatouillait doucement, ses lèvres si proches de sa peau… Il resserra à nouveau sa prise sur lui, enroulant un peu plus ses bras autour de son protégé.

« Merci... Merci de tout mon coeur... »

Rochiel sentit son cœur s’accélérer imperceptiblement et il sourit, les yeux toujours fermés. Kaiji n’avait pas rejeté son discours, et il semblait même que celui-ci ait comblé ses désirs… C’était parfait alors. Rochiel n’en demandait pas plus.
Ils restèrent plusieurs minutes serrés l’un contre l’autre dans cette chaleur réconfortante, tout prés du feu. Ils n’avaient pas eu une vie facile tous les deux, et bizarrement le destin les avait réunis. Deux cœurs cassés qui ne demandait qu’un peu de tendresse pour battre de nouveau.
Se sentant partir, à deux doigts de s’endormir tellement il se sentait bien, Rochiel décida de réagir avant de véritablement sombrer.
Il déposa un petit baiser sur les cheveux de son esclave, dernière petite marque d’attention avant de devoir se séparer….
Il se décala légèrement, ne voulant pas déranger Kaiji mais y étant forcé par la situation puisque le jeune homme se tenait sur ses jambes. Kaiji comprit très vite d’ailleurs et il s’échappa de son étreinte de lui-même.
Rochiel rabattit alors la couverture sur le brun et se releva en souriant :

« Ne bouge pas. Tu as fait le repas, à moi de le servir ! »

Il s’approcha du feu et s’empara avec délicatesse des brochettes de viande que l’esclave avait fait griller, veillant à ne pas se brûler, puis il les amena encore chaudes. Il en tendit une à Kaiji avant de s’asseoir à ses côtés. Il souleva la couverture en laissant un petit regard amusé et interrogateur au brun :

« Je peux ? » demanda-t-il tout en s’exécutant, pressé de retrouver la chaleur de la couverture.

Il se blottit alors dedans, assis à côté de Kaiji et il lui adressa un sourire chaleureux :

« Merci d’avoir pensé au repas ! Je meurs de faim ! »

Et sans attendre, il se jeta sur sa viande pour calmer les cris de son estomac affamé.

Kaiji était si bien dans les bras de Rochiel qu'il aurait pu s'endormir sur place. Malheureusement, toutes les bonnes choses avaient une fin et il sentit le blond bouger contre lui, posant un doux baiser dans sa chevelure foncée, l'écartant tout doucement. Il s'y résigna et s'éloigna légèrement de lui. Il se retrouva emmitouflé dans la couverture et Rochiel alla près du feu.

« Ne bouge pas. Tu as fait le repas, à moi de le servir ! »

L'eslcave eut un sourire. Rochiel était vraiment attentionné avec lui. Il prit les brochettes, s'appliquant à ne pas se brûler, et revint vers lui. Il lui tendit une brochette et s'installa à ses côtés. Avec un étrange regard, il souleva un pan de la couverture.

« Je peux ? »

Evidemment qu'il pouvait. S'il n'avait pas refusé son étreinte et même son baiser, il n'avait rien à craindre à simplement s'asseoir près de lui sous la couverture. Kaiji se contenta d'un simple hochement de tête et d'un timide sourire.

« Merci d’avoir pensé au repas ! Je meurs de faim ! »

Kaiji regarda un moment son maître manger avec entrain, pour ne pas dire dévorer littéralement sa brochette. Quant à lui, il dut changer de main car il s'aperçut qu'il s'était blessé à la paume de la main droite. Malgré la douleur et l'élancement dans sa main, il ne dit rien et il mangea tranquillement. Il avait juste assez d'appétit pour avaler cette unique brochette. Tout ce qu'il souhaitait pour l'instant, c'était retrouver la chaleur réconfortante et la présence sécurisante des bras de Rochiel. Au moins pour ce soir car la journée avait été riche en émotions. Lorsqu'il eut fini, Kaiji posa sa tête avec hésitation sur l'épaule du blond, comme s'il craignait qu'il ne veuille plus le serrer contre lui à présent. Ses paupières tombaient toutes seules et même s'il avait encore besoin de se nourrir, il n'en avait plus la force, harassé par tous les événements qui avaient eu lieu en seulement vingt-quatre petites heures. Se sentant pris par le sommeil, il se redressa légèrement.

« Est-ce que... Je peux... Dormir avec vous...? »

S'il avait osé formuler sa demande, Kaiji n'en avait pas moins gardé les yeux rivés au sol, trop gêné pour regarder Rochiel dans les yeux. S'il accédait à sa demande, il pourrait dormir sur ses deux oreilles, comme la nuit précédente. Son sommeil ne serait pas hanté de cauchemars et tout irait pour le mieux le lendemain. Ce fut donc avec une pointe d'appréhension qu'il attendit la réponse de Rochiel.

[Désolé, j'ai pas eu la foi pour Endril En avant ! - Page 2 Smiley10

Pardon >_<]

Trop occupé à dévorer sa brochette, Rochiel ne se rendit pas compte de la gêne que semblait ressentir son esclave. Lui se sentait vraiment bien : la chaleur de la couverture sur eux, la présence toute proche de Kaiji et cette délicieuse viande dans les mains… Il avait tout pour être heureux.
Il mangea donc avec appétit : sa transformation lui donnait souvent faim, puisant dans ses ressources qu’il avait ensuite besoin de régénérer. En pensant au léopard d’ailleurs, il se dit qu’il irait peut-être chasser un de ces jours sous sa forme animale. La viande séchée était très bonne, mais de la nourriture fraîche serait encore meilleure !
Il allait finir sa brochette quand il sentit soudain la tête de Kaiji s’appuyer doucement contre son épaule, et il sourit, heureux de ce nouveau contact. L’esclave devait vraiment se sentir en sécurité avec lui pour réagir ainsi… Et c’était tout ce que Rochiel voulait : qu’il lui fasse confiance. De cela découlerait sans doute tout le reste.
Kaiji semblait cependant hésitant dans son geste, et cela n’échappa pas au blond. Craignait-il qu’il le repousse ?

« Est-ce que... Je peux... Dormir avec vous...? »

Un peu surpris, mais en bien, Rochiel tourna son visage vers son esclave, qui pour sa part gardait les yeux rivés au sol, apparemment gêné de sa propre demande. Cette timidité fit sourire le blond, et pour mieux le rassurer, Rochiel jeta sa brochette finie au loin entre les herbes, avant de passer son bras autour des épaules de Kaiji et de l’attirer un peu plus contre son épaule. Il déposa un petit baiser tendre sur sa tempe.

« Cela me ferait extrêmement plaisir Kaiji… » murmura Rochiel.

Cependant, ils s’étaient assis à même le sol, alors que Kaiji avait préparé des couvertures plus loin. Avisant la mine fatiguée de son esclave, le blond n’osa pas le déranger et il se releva rapidement avant de le prendre dans ses bras, une main sous ses genoux et l’autre sous ses épaules, le soulevant pour aller le déposer délicatement sur l’une des couvertures que le brun avait étendu à côté du feu.
Il allait se coucher à ses côtés quand il aperçut soudain avec horreur la main blessée de Kaiji : il écarquilla les yeux et baissa les épaules :

« Mais Kaiji ! Tu es blessé ! Tu aurais dû m’en parler !!! » s’exclama-t-il aussitôt.

Il se releva immédiatement et alla fouiller dans le sac, sortant quelques restes des bandages et un peu de pommade. Il retourna auprès de Kaiji toujours étendu sur la couverture, s’empara délicatement de sa main et y appliqua doucement la pommade cicatrisante. La blessure, sans être trop profonde, devait néanmoins le faire souffrir, et il massa très délicatement la paume abîmée, veillant à ne pas lui faire mal. Puis il prit les bandages et recouvrit la blessure avec attention, nouant les morceaux de tissu pour que le bandage ne parte pas. Et avec tendresse, il prit la main et la porta à ses lèvres, embrassant l’endroit où il y avait la blessure. Lorsqu’il releva son visage et croisa le regard de Kaiji, il lui sourit et déclara :

« Pour guérir plus vite…. Maintenant, viens là ! »

Il repoussa les bandages et la pommade, se promettant de les ranger plus tard, et se coucha aux côtés de Kaiji… Il ouvrit ses bras et le jeune homme s’y réfugia aussitôt, recréant cet espace de douceur et de chaleur qu’ils avaient su faire à peine plus tôt. Rochiel resserra ses bras autour de son esclave, ravi de le retrouver, et déposa un baiser sur son front.

« Dors Kaiji… Je suis là… » murmura-t-il contre son oreille.

Et ainsi blotti, Rochiel se détendit : Kaiji s’endormit rapidement entre ses bras, mais le blond préféra observer quelques temps la nuit qui les entourait. Son instinct lui disait qu’il n’y avait rien à craindre, tout était si paisible qu’il n’y avait aucun danger pour eux. Cependant, en levant les yeux au ciel, il aperçut quelques nuages qui commençaient à recouvrir les étoiles et dissimuler leur éclat… Il allait sans doute pleuvoir le lendemain… Et cela inquiéta un peu Rochiel : voyager sous la pluie n’était jamais agréable !

[c’est pas grave voyons ! j’ai déjà eu mon Kaijinounet mignon !!! ça me comble ! ^^]

Pour toute réponse à sa demande, Kaiji sentit le bras de Rochiel se poser autour de ses épaules et l'attirer un peu plus contre lui. Les lèvres de son maître se posèrent sur sa tempe et cela acheva de le rassurer.

« Cela me ferait extrêmement plaisir Kaiji… »

Le brun sentit ses joues s'enflammer littéralement. Mais cela marquait aussi le fait que Rochiel ne lui ferait rien contre sa volonté. Kaiji connaissait les ruses employées par tous ces êtres avec qui il avait été et rien dans les paroles de son maître n'indiquait une quelconque envie de plus. Avant même qu'il ne pense à se lever, le blond l'avait déjà soulevé du sol puis reposé sur les couvertures qu'il avait soigneusement préparées en attendant son retour. Rochiel remarqua alors la plaie qu'il s'était faite en «cuisinant» et il s'empressa aussitôt de le soigner.

Kaiji se redessa sur les couvertures et le regarda fouiller dans l'un des sacs et revenir vers lui avant même d'avoir le temps de protester. Il se laissa donc docilement faire et lorsqu'il eut fini, son coeur se gonfla de joie. Rochiel faisait montre d'une telle douceur et d'une telle gentillesse à son égard. Le blond embrassa doucement la paume de sa main blessée.

« Pour guérir plus vite…. Maintenant, viens là ! »

Rochiel ouvrit les bras et Kaiji n'eut pas besoin de se le faire dire deux fois. Il n'hésita pas et se lova aussitôt contre la poitrine de son maître, si chaude, si accueillante. Le jeune homme répondit au baiser sur son front par un autre baiser dans le creux du cou du blond. Il ferma les yeux, le sommeil le gagnant rapidement.

« Dors Kaiji… Je suis là… »

Le seul fait de savoir que Rochiel était à ses côtés et qu'il veillait sur lui acheva de le combler et il s'abandonna tant aux bras de Morphée que ceux de son maître. Son souffle se fit régulier contre la peau du blond.

Si s'endormir dans les bras de Rochiel avait été d'une grande douceur, le réveil n'en fut pas moins brutal et glacé. Le visage toujours niché contre l'épaule de son maître, Kaiji sentit quelque chose de petit et froid commencer à tomber à intervals plutôt irréguliers. Pensant qu'il s'agissait sûrement d'une sensation dûe à ses rêves, il n'en tint pas compte. Cependant il se redressa vivement en poussant un cri de surprise lorsque les cieux se mirent à déverser sur eux et leur campement un véritable déluge. En à peine quelques minutes, il était trempé jusqu'aux os.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?! » s'étonna-t-il, encore assez mal réveillé, cherchant à comprendre ce qui pouvait prendre au temps.

[Quelle inspiration... En avant ! - Page 2 Smiley_7

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Rochiel dormit du sommeil du juste, pour une fois en paix. Aucun demi-frère pour venir le réveiller en hurlant, aucune belle-mère pour hanter ses cauchemars et aucun père pour l’empêcher de dormir…
Juste une douce chaleur blottie dans ses bras, qu’il serrait doucement contre lui comme une grosse peluche, ravi de cette nouvelle sensation qu’il avait rarement eu l’habitude d’expérimenter.
Tout aurait pu se passer pour le mieux si une sensation désagréable n’était venue le réveiller, troublant la chaleur présenter par une froide humidité… Et la forme blottie entre ses bras s’éloigna brusquement, l’arrachant brutalement du sommeil en poussant un cri de surprise qui ne présageait rien de bon.
Les yeux encore brumeux, Rochiel ouvrit lentement les paupières, avant de les refermer brusquement : une goutte d’eau était entrée dans son yeux, le brûlant rapidement. Cela lui fit immédiatement reprendre conscience et tout lui revint à l’esprit rapidement : le voyage, Kaiji et les nuages menaçants de la veille !!
En un bond, il se redressa, entendant vaguement l’exclamation étonnée de Kaiji.
Lui qui pensait que les nuages ne craqueraient pas avant la moitié de la journée, il était servi ! Il agrippa aussitôt les couvertures, forçant Kaiji à se relever un peu durement, et lui dit rapidement :

« Kaiji, il faut vite ranger les couvertures avant qu’elles ne soient complètement trempées ! »

Il s’affaira, essayant de préserver les seules choses qui leur apporteraient un peu de confort durant leur voyage, les pliant rapidement avant de les remettre dans les sacs à toute vitesse. Le feu était depuis longtemps éteint et eux-même étaient complètement trempés.
Avisant Kaiji mouillé de la tête au pieds, Rochiel s’inquiéta aussitôt et sortit une couverture beaucoup plus légère qu’il ouvrit rapidement et passa par-dessus Kaiji, le recouvrant du tissu en s’expliquant :

« Pas question que tu prennes froid ! Garde ça, ça devrait tenir un moment… »

Puis il se dépêcha de ranger le reste des affaires sous la pluie, aidé par le brun du mieux qu’ils pouvaient. Au moins, cette pluie avait l’avantage de brouiller les odeurs pour les fauves, mais d’un autre côté, avec la faible constitution de Kaiji, le jeune homme allait attraper froid et c’était surtout cela qui inquiétait le blond.
Ils finirent enfin de ranger les sacs, n’ayant dans le fond pas grand-chose, et Rochiel prit le bras de Kaiji d’une main, et son sac de l’autre.
« On va essayer de gagner la forêt, là-bas nous serons un peu plus à l’abri du déluge ! Par contre, c’est beaucoup plus dangereux là-bas, alors ne me perds surtout pas, d’accord ? »

Rochiel savait que les branchages les protégeraient un minimum, même si cela était plus dangereux. Mais dans cette plaine découverte, sous ce déluge, Kaiji risquait d’attraper la mort, et cela le blond ne le voulait absolument pas !
Puis sans attendre, il se mit en route, marchant d'un pas déicdé vers les arbes dans le lointain qu'ils apercevaient. Heureusement que la forêt était parallèle à la plaine, ils ne rebroussaient donc pas chemin mais continueraient à couvert...

[ soit tu fais encore un post, soit tu fais le premier dans la forêt, comme tu veux !^^]

» Un verre avant de rentrer [Elphege]