Quin comprit vite qu’Endril l’avait veillé toute la nuit et cette gentillesse le toucha profondément : il était bien le premier de ses maîtres à faire autant pour lui ! Jamais encore on ne s’était soucié de lui ! A part son grand frère… Et plus le temps passait, plus ses sentiments évoluaient doucement pour le vampire : l’affection qu’il avait ressenti au début pour Endril, un peu comme pour son frère, avait changé et avait évolué en quelque chose de mieux, de plus fort peut-être que pour son frère, mais l’elfe, encore un peu perdu par tous ces chamboulements, n’arrivait pas à mettre la main dessus et à comprendre ce qui lui prenait, aussi avait-il mis cela de côté pour plus tard.
La petite caresse sur sa joue le fit frissonner et il sourit, de plus en plus touché par ce maître si délicat. Il soupira, doucement comblé par sa gentillesse, appréciant à sa juste valeur le baiser tendre sur son front. Là, il se sentait en sécurité : on n’oserait plus lui faire le moindre mal il en était sûr, tant qu’il resterait avec Endril. Le vampire était sa source de sécurité et de gentillesse, les deux choses dont il avait probablement le plus manqué ces dernières années.
Mais leur petit moment rien qu’à eux fut troublé par des coups rapides donnés à la porte et l’elfe sursauta avant de jeter un coup d’œil inquiet vers la porte.
Le vampire se leva aussitôt et se dirigea vers la porte. L’elfe le regarda s’éloigner avant de rapprocher le plateau de nourriture et commença à grignoter ce qui lui tombait sous la main, affamé. Endril avait vraiment pensé à tout et c’ était très généreux de sa part.
Mais il vit soudain le vampire revenir rapidement dans la chambre et vider d’un geste énergique l’ensemble des armoires, ainsi que tout ce qu’il y avait sur la commode, avant de se précipiter à la salle de bain. L’elfe le regarda faire sans comprendre, vraiment étonné et commençant à paniquer de ce changement soudain, mais Endril revint rapidement vers lui pour l’informer de ce qui se passait :
« Quin, nous allons devoir partir plus tôt que prévu. Ton ancien maître nous en veut pour ce qui s'est passé hier alors il nous faut fuir. Je comptais attendre la tombée de la nuit mais nous n'avons pas le choix et je ne prendrais pas le risque de te laisser être blessé par cet homme immonde. Finis de manger et ensuite prend tout ce qui peut t'être utile et qui t'es précieux et remets-les au barman. Ensuite file te changer et nous partirons dès que tu seras prêt. »
Quin pâlit brusquement et sentit ses mains se mettre à trembler.
Oh non, ce n’était pas vrai… Ce porc comptait continuer à lui faire du mal, à lui et à Endril. L’appétit complètement coupé, l’elfe repoussa le plateau repas et se leva rapidement, alors que le vampire s’était déjà précipiter vers l’armoire.
Quin prit ses vêtements et partit se changer dans la salle de bain vide à présent, courant presque : son cœur battait la chamade et il avait l’impression terrible que tout était de sa faute. Si seulement il n’avait pas insulté son ancien maître, s’il était remonté juste après l’avoir vu sans lui parler…. Si seulement rien de tout cela ne s’était passé, ils n’en seraient pas là et ne seraient pas obligés de fuir misérablement.
Et en plus de tout ça, il mettait la vie d’Endril en danger ! Bon sang ce qu’il pouvait s’en vouloir !
Il s’habilla rapidement et revint vers le barman pour lui indiquer qu’il voulait juste prendre ses shurikens, qu’il passa d’ailleurs aussitôt à sa ceinture. Il avait mis les vêtements rouge sombre que lui avait donné son maître la veille, et il était très beau ainsi vêtu, même s’il ne le remarquait pas vraiment, bien trop préoccupé par la menace qui planait sur eux à cause de lui…
Le vampire et le barman l’attendaient déjà et l’elfe arriva en haletant légèrement, sa poitrine lui faisant mal tellement il avait peur. Son rythme cardiaque s’était emballé et il n’était pas sûr de pouvoir supporter ça longtemps… Mais tant qu’ils ne seraient pas à l’abri, il ne pourrait pas se calmer.
Ses mains tremblaient d’appréhension et en constatant cela, il se mit à se tordre les poignets juste dans l’espoir que ses tremblements cessent, refusant de montrer sa faiblesse à son maître.
« Je suis prêt, allons-y maître Endril… »
Le barman acquiesça et sortit aussitôt avec leurs dernières valises. Le vampire sortait également mais dans le couloir, l’elfe lui prit son bras et murmura :
« Je suis désolé, tout cela est de ma faute… Je suis vraiment désolé maître Endril, je ne voulais pas vous embarquer là-dedans. »
Il respira un grand coup puis reprit, un air sérieux sur son visage :
« Je sais que jusqu’ici je n’ai pas été très utile, mais je vous promet maître Endril que si jamais il nous arrive quoi que ce soit, je ferais tout pour vous protéger. »