un verre entre amis [réservé Kaiji]

Rochiel avait entraîné Kaiji jusqu'au bar de la ville, le seul qu'il aimait vraiment. Il venait souvent ici pour oublier l'atmosphère pesante de chez lui et le barman était devenu au fur et à mesure son ami, en tout cas l'une des rares personnes qu'il considérait en tant que tel.
Il entra et se dirigea immédiatement vers le bar, entraînant à sa suite Kaiji. Il s'assit, invita son esclave à en faire de même et fit un signe discret au barman.

" Hé Kyo! Sers-nous un peu de saké, on a quelque chose à fêter!!"

Le barman s'approcha et les servit tout en demandant en souriant:

" Ah bon? Que se passe-t-il? "

Il jeta un regard étrange sur Kaiji, intrigué de voir Rochiel accompagné. C'était bien la première fois...

" Je fête mon départ pour Sket!! " s'exclama Rochiel.
" C'est vrai?! Mais c'est génial!!... Alors cet homme est ton esclave... " souligna sournoisement le barman en regardant Kaiji dédaigneusement.

Rochiel l'arrêta immédiatement, un peu énervé de voir la façon dont Kyo traitait Kaiji : il y avait un tel mépris dans ses propos!

" C'est mon ami avant tout Kyo.. " gronda-t-il doucement, ne voulant pas se fâcher avec son ami.

Il porta son verre à ses lèvres, ne remarquant pas le regard étrange que Kyo posa sur Kaiji.

Kaiji avait suivi son maître jusqu'à un bar à l'allure plutôt sympathique. Rochiel avait même l'air de connaître le barman. Il s'installa d'ailleurs directement au comptoir. Il s'assit près de son "ami", sans vraiment suivre leur petite discussion. Après tout, ce n'était pas vraiment ses affaires. Il sursauta légèrement lorsque le dénommé Kyo déposa un verre devant lui.

"Merci..."

Le brun repoussa quelques mèches qui lui tombaient devant les yeux et croisa l'étrange regard que portait l'homme sur lui. Un frisson courut le long de sa colonne vertébrale mais il ignora cette sensation et il but tranquillement son verre de saké. Après une bonne gorgée, il leva son verre et sourit:

"A la réussite de votre voyage !" lança-t-il gentiment.

Kaiji finit son verre d'une traite puis le posa sur le comptoir en bois. Après quelques instants, il fut pris de légers vertiges. Il se leva lentement de son tabouret et chancela un peu.

"Je crois que je ne tiens pas bien l'alcool... Est-ce qu'il y a des toilettes ici ?" demanda-t-il avec un sourire hésitant et un peu gêné.

"A la réussite de votre voyage !"

Rochiel sourit à Kaiji en levant lui aussi son verre : il n'y avait rien de tel qu'un bon saké pour vous mettre de bonne humeur!
Il regarda avec amusement son esclave finir son verre d'un seul coup : à ce rythme-là, il n'allait pas tenir longtemps! Le saké servit dans ce bar était redoutablement fort, Rochiel en savait quelque chose. Combien de fois avait-il fini complètement saoûl sur le comptoir, chantant parfois d'une voix nasillarde des chansons paillardes avec son ami le barman qui l'avait accompagné? Ce souvenir lui arracha un sourire et il but tranquillement son verre.
Cela ne coupa pas : il vit bientôt Kaiji faire une drôle de moue. Il semblait avoir de légers vertiges et il dit bientôt:

"Je crois que je ne tiens pas bien l'alcool... Est-ce qu'il y a des toilettes ici ?"

Rochiel lui indiqua du doigt le chemin des toilettes en riant légèrement.

" Le saké est un peu fort non? "

Il le taquinait gentiment et il le regarda partir aux toilettes avant de se tourner vers Kyo.

" Le voyage s'annonce bien, j'ai... "

Mais Kyo le coupa aussitôt d'un geste de la main.

" Excuse-moi, j'ai quelque chose à faire à l'arrière du bar... Je reviens. "

Intrigué, Rochiel le regarda partir puis haussa les épaules. C'était bien la première fois qu'il coupait ainsi leur conversation : ce qu'il devait faire devait être important....
Il porta de nouveau son verre à sa bouche, savourant le saké.

" Le saké est un peu fort non? "

"Un peu..." sourit mollement Kaiji en se dirigeant dans la direction que lui avait indiqué son maître.

Il n'eut pas de mal à trouver. Par contre, il eut du mal à ne pas tomber et il dût s'appuyer aux murs pour ne pas s'effondrer lamentablement. Après cinq bonnes minutes, l'esclave réussit enfin à pousser la porte des toilettes et il tituba jusqu'aux lavabos. Le brun ouvrit le robinet d'eau froide et s'en passa un peu sur le visage. Complètement déboussolé, il releva légèrement la tête et observa un instant son reflet flou à travers ses longues mèches. Soudain, il remarqua que quelque chose bougeait derrière lui, dans le reflet que lui renvoyait le miroir.

Kaiji n'eut pas le temps de se retourner car deux bras puissants l'emprisonnèrent et lui coupèrent un instant le souffle, l'empêchant ainsi de crier.

*Qu'est-ce que...?*

Une bouche rèche se posa dans son cou tandis qu'une langue visqueuse léchait sa peau. A moitié assommé par le saké, le jeune homme tenta tant bien que mal de se débattre, affolé par ce qu'il se passait. Un vertige le prit et snas savoir comment, il se retrouva plaqué au sol, la bouche de son agresseur sur la sienne. Ouvrant la bouche par réflèxe pour crier, il se rendit compte trop tard de son erreur. Le brun essayait de repousser l'homme mais celui-ci était bien trop lourd, et ses pauvres muscles engourdis par l'alcool ne répondaient que tardivement.

"Arrêtez...! Lâchez-moi...!"

Enfin libéré de sa "muselière", il tentait de faire entendre raison à son agresseur quand une vive douleur le transperça de part en part. Avec des sensations faussées et paniqué, il ne s'était pas aperçu que l'homme avait déchiré une bonne partie de ses vêtements. Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux et lorsque le type commença à le pilonner sauvagement, un cri lui échappa.

"ROCHIEL...!"

Rochiel dégustait sereinement son saké en attendant Kyo et Kaiji. Il se demandait pourquoi le barman l'avait abandonné ainsi, mais il devait avoir une bonne raison.
Fronçant les sourcils, il se dit que décidément le saké était tés fort aujourd'hui, plus fort que d'habitude... Pourquoi Kyo leur avait-il donné un alcool aussi fort? Lui avait l'habitude, mais il comprenait que Kaiji ait eut du mal à le supporter.
Kaiji... Les sentiments de Rochiel étaient si étrange vis-à-vis du jeune homme... Il ne savait plus trop où il en était.
Il tourna la tête vers les toilettes, se demandant ce qui retenait aussi longtemps son esclave. S'inquiétant de son état, il se leva et se dirigea d'un pas nonchalant dans le couloir pour voir si son ami n'avait besoin de rien.
C'est alors qu'un cri retentit, déchirant l'ambiance jusque là tranquille du bar.

"ROCHIEL...!"

La surprise et la peur tétanisèrent Rochiel qui se rua comme un fou vers les toilettes des hommes d'où provenait le cri : il n'aurait jamais cru que son coeur battrait aussi vite un jour...
Il poussa violemment la porte et tomba sur un tableau déroutant. Le jeune homme écarquilla les yeux, sous le choc.
Kaiji était à terre, pratiquement déshabillé, et un homme s'activait au-dessus de lui, apparemment contre la volonté de Kaiji qui semblait vouloir résister...
Avant même qu'il se rende compte de ce qu'il faisait, Rochiel se jeta sur l'individu, le souleva par les épaules, le forçant à se relever, et le plaqua brutalement contre le mur. Ses yeux étaient fous et il n'avait plus qu'une envie : frapper!!!
Mais quand son regard croisa celui de Kyo, il fut complètement déstabilisé

" KYO!!! Mais tu es fou??!!" hurla-t-il, furieux.

L'autre se contenta de sourire vicieusement et de lui répondre, sur un ton que Rochiel ne lui connaissait pas:

" J'ai bien le droit d'en profiter un peu aussi, non? "

Rochiel ne pu pas se contrôler et donna un tel coup de poing à Kyo que ce dernier s'effondra à terre, assomé et le nez cassé. Un flot de sang coulait de ses narines mais cela ne calma nullement Rochiel. Il était fou de rage. Incapable de se contrôler, il frappa encore Kyo, se défoulant et se déchargeant de toute cette peur qu'il avait eu pour Kaiji...

Kaiji... Ce fut son image qui rappela Rochiel à la raison. Le pauvre s'était recroquevillé dans un coin de la pièce, tremblant et hagard. Rochiel ne pouvait pas le laisser ici et comme ça.
S'éloignant de Kyo, il s'approcha de son esclave, retira sa veste et ignorant les gestes de recul de Kaiji et ses tremblements, il la lui passa sur ses épaules, puis se pencha et le prit dans ses bras, le soulevant du sol.
Sans un mot, il sortit des toilettes, abandonnant son ancien ami.

Kaiji, au bord du désespoir et de la terreur, espérait de tout coeur que son maître l'ait entendu. Il entendit la porte s'ouvrir mais à travers les larmes, il distingua mal la silhouette qui se jeta sur son assaillant. Une fois libéré de cet homme sordide et sans scrupules, il ne chercha pas plus et se réfugia comme il pu dans un coin des toilettes, tremblant et sanglotant.

" KYO!!! Mais tu es fou??!!"

La voix de Rochiel résonna dans toute la pièce. Quelque part un peu rassuré de le savoir non loin de lui, le brun osa ouvrit légèrement les yeux. L'atmosphère était tendue et il sentait comme un orage qui se préparait entre les deux hommes. Encore sous le choc, il préféra refermer les yeux, se terrant le plus possible dans le coin où il espérait être en sécurité.

" J'ai bien le droit d'en profiter un peu aussi, non? "

Sitôt cette phrase prononcée, Kaiji sut que l'inévitable allait se produire: Rochiel allait se battre. Cependant, il n'y eut qu'un coup sourd puis le bruit mat d'un corps qui tombe. L'idée que son maître ait été assomé ou même tué sur le coup le terrifia plus que jamais et, les yeux toujours fermés, il attendit. Sûr et certain que le barman allait revenir à la charge, l'esclave se recroquevilla contre son coin de mur. Cependant, il sentit qu'on lui passait un vêtement puis qu'on le soulevait précautionneusement. Il n'avait pu s'empêcher de reculer et de trembler. Finalement, le brun ouvrit les yeux sous ses longues mèches et il reconnut la "crinière" de son jeune maître.

*Tu es parfaitement ridicule et inutile Kaiji... Regarde-toi... Alors que tu as promis de le secourir autant de fois qu'il en avait besoin, n'est-ce pas...? Tu es vraiment pathétique, incapable de te défendre seul...*

Kaiji se sentait honteux et minable. Soudain, une peur extrême lui glaça les os. Il avait pensé que Rochiel l'avait sorti de là pour le ramener chez lui. Mais s'il comptait l'abandonner ? Combien de maîtres l'avait-il déjà fait parce qu'ils ne supportaient pas les esclaves impurs ? Alors Kaiji se tendit comme un arc, prêt à fondre en larmes une nouvelle fois et surtout prêt à supplier son maître de ne pas le laisser seul.

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